Oscars 2015: le bilan !

Oscars 2015: le bilan !

La cérémonie des Oscars s’est achevée cette nuit et vous avez pu la suivre en direct sur FilmDeCulte. Quels ont été les temps forts du show, les gagnants et les perdants ? Voici notre bilan…

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Pas de surprise lors de cette (longue) soirée des Oscars : Birdman d’Alejandro Gonzalez Inarritu a remporté 4 statuettes en tout dont celle du meilleur film. Boyhood avait dominé la première partie de la saison Oscars avec les prix de la critique mais ça n’est pas/plus vraiment un indicateur : d’abord parce qu’une bonne partie de ces prix existent à peine et se contentent, tel le mouton bêlant, d’aller au film récompensé la veille par d’autres prix de la critique ; ensuite parce que les goûts des journalistes ne sont pas forcément connectés à ceux des votants de l’Académie. Boyhood est un anti-film Oscar : c’est un film de non-événements (et les Oscars ont besoin d’un sujet plus identifiable), peuplé de personnages qui « n’apprennent pas » (là où l’Académie adore ces personnes « réelles » remplies de trauma à surmonter). Birdman, situé dans l’industrie du spectacle, parle davantage aux votants. Le pari formel a suffisamment impressionné pour offrir à Inarritu l’Oscar du meilleur réalisateur. Cela fait donc cinq ans (et depuis Kathryn Bigelow) que cet Oscar n’est pas allé à un réalisateur américain, Inarritu succédant au Britannique Tom Hooper, au Français Michel Hazanavicius, au Taïwanais Ang Lee et au Mexicain Alfonso Cuaron.

Le seul Oscar remporté par Boyhood est allé à Patricia Arquette en meilleur second rôle. Une statuette qui vient récompenser en premier lieu sa belle prestation, mais aussi un parcours exigeant hors des « films à Oscars » pour cette actrice qui s’est illustrée chez Tim Burton, David Lynch, Michel Gondry et Martin Scorsese (à l’époque où ce dernier n’était guère considéré par l’Académie). Arquette, évoquant l’égalité hommes-femmes, a livré l’un des nombreux discours engagés de la soirée (auxquels s’ajoutent ceux de Common et John Legend – reliant la lutte pour les droits civiques de Selma aux enjeux de l’Amérique d’aujourd’hui – et de Graham Moore – adressé aux jeunes homosexuels). L’autre actrice primée fut, sans surprise, Julianne Moore pour Still Alice. Plus ou moins placardisée une fois la quarantaine passée (comme la plupart des actrices américaines) et sa double nomination pour Loin du paradis et The Hours en 2003, Moore a continué d’apparaitre régulièrement sur les écrans mais souvent dans des rôles et films moins intéressants. Beau come-back donc pour cette excellente actrice qui fait coup double quelques mois après son prix cannois pour Maps to the Stars.

Côté acteurs, Eddie Redmayne a fait mentir les statistiques. Car si les votants n’ont aucun problème avec les jeunes lauréates (au contraire), il est souvent nécessaire pour les acteurs d’être un homme-un vrai comme papa (c'est-à-dire d’avoir passé au moins les 40 ans) pour être primé. Redmayne, 33 ans, n’est pas non plus le plus jeune lauréat (Adrien Brody, Marlon Brando, James Stewart ou Daniel Day-Lewis ont gagné plus jeunes), mais l’Académie ne pouvait pas dire non à cette incarnation (convaincante) du rôle de ses rêves : un Anglais ayant réellement existé et sombrant dans la déchéance physique. JK Simmons a lui été primé en second rôle pour Whiplash, dont le propos (et surtout le point de vue sur les personnages) semble avoir moins fait polémique que de notre côté de l’Atlantique. A égalité de prix avec Birdman, Grand Budapest Hotel a essentiellement été récompensé pour sa belle direction artistique, offrant notamment sa 4e statuette à l’immense Milena Canonero (primée entre autres pour Barry Lyndon et Marie Antoinette).

Et le show dans tout cela ? Il fut décevant. Certes, tout est moins ennuyeux qu’aux César avec ses lauréats qui, entre spontanéité, amateurisme et ego, monopolisent le micro 24 minutes à chaque discours. Mais Neil Patrick Harris, très content de lui à chaque punchline, était souvent transparent, les gags peu inspirés, et sa prestation est largement en deçà de ce qu’avait accompli Ellen de Generes l’an passé (on ne parle même pas des géniales Amy Poehler et Tina Fey aux Globes, même si la tâche est un peu différente). Harris a été incapable d’insuffler de l’énergie et de la fantaisie à un show toujours long (et dont le suspens est considérablement amoindri par les prix des différentes guildes remis avant les Oscars). La cérémonie avait été allégée en numéros musicaux l’an passé, cette année la plupart des chansons nommées (et interprétées en intégralité) n’avaient rien à faire là à part provoquer des bâillements. L’un des traditionnels points forts du show, ce sont ces montages de films célébrant le cinéma à grandes tartines de cheesy et de pompiérisme – ils étaient absents alors qu'on est venu là pour ça. Pas pour subir des machins country et des miaulements d’Adam Levine.

L’un des moments les plus Oscars était pourtant une chanson : Lady Gaga rendant hommage à La Mélodie du bonheur sous le regard ému de Julie Andrews. Lady Gaga oblige, ce passage a forcément été décrié, mais les Oscars c’est pourtant et précisément ça : une auto-célébration au bord d’un sublime kitsch, la candeur d’un concours de Miss, du gros bouillon d’émotion et un visuel léché (la cérémonie était d’ailleurs très belle à regarder). Ce moment-là était un pur moment Oscar. L’interprétation assez débilo-réjouissante de la chanson de La Grande aventure Lego rappelait, elle, les candidatures de la Bulgarie à l’Eurovision mais avec 200 fois plus de budget. « Everything is awesome, when you’re part of a team », chantaient les interprètes de la chanson - assez ironique à l'issue d’une année décriée pour son manque de diversité et où le seul team qui vaille dans les catégories principales était celui du traditionnel club de garçons blancs (les Noirs étant priés de se contenter de la catégorie chanson tandis que les femmes ont leur catégorie "films d'actrices"). Ironique également car si le palmarès est sans terrible faute de goût, le show était plus average que réellement awesome - un choix de vocabulaire qui, on vous l'accorde, aurait peut-être été moins efficace pour cette chanson.

Le palmarès complet

par Nicolas Bardot

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