Les pires Oscars de ces 15 dernières années
Tout le monde adore détester les Oscars. Tout le monde se sent chic à détester cette cérémonie académique, méprisée d'un revers de la main. Pourtant, tout le monde se prend au jeu, et la majeure partie du temps, les Oscars visent juste. Ces 15 dernières années, des gens comme Jack Nicholson, James Cameron, Russell Crowe, Denzel Washington, Roman Polanski, Nicole Kidman, Charlize Theron, Sofia Coppola, Peter Jackson, Cate Blanchett, Charlie Kaufman, Michel Gondry, Ang Lee, Philip Seymour Hoffman, Martin Scorsese, Helen Mirren, Tilda Swinton, Daniel Day-Lewis, Kate Winslet, Kathryn Bigelow ou Jeff Bridges ont été récompensés - pas vraiment ce qui se fait de pire ou de plus inintéressant dans le cinéma mondial. Pourtant, à chaque pas en avant, les Oscars en font généralement un en arrière. Pour une belle récompense, un prix à la ramasse. FilmDeCulte se penche sur ce qui constitue à nos yeux les pires ratés des Oscars ces 15 dernières années.
Helen Hunt - Oscar de la meilleure actrice pour Pour le pire et pour le meilleur (1998)
On a tout reproché aux Oscars: leurs récompenses à la carrière plus qu'à un rôle, ou, au contraire, leur frilosité, leur difficulté à accueillir dans la grande famille du cinéma ceux qui n'y appartiennent pas encore. Helen Hunt, dont la carrière cinématographique était alors assez maigre, a pourtant été accueillie à bras ouverts avec cet Oscar qui peut, quatorze ans plus tard, paraître très surprenant. L'après-Oscar de Hunt compte en tout cas parmi les pires jamais observés dans la catégorie meilleure actrice: des apparitions dans des films au mieux mineurs de grands réals (Docteur T et les femmes, Le Sortilège du Scorpion de jade), ou des rôles de potiches dans quelques succès commerciaux (Seul au monde, Ce que veulent les femmes). Depuis 10 ans, RAS, avant une nomination surprise en second rôle pour The Sessions.
Qui aurait dû gagner ? Kate Winslet, nommée pour Titanic, ou Judi Dench, nommée pour La Dame de Windsor, ont par la suite été multi-nommées et ont fini par gagner le fameux Oscar de rattrapage: The Reader pour l'une, Shakespeare in Love pour l'autre. Certainement pas leurs meilleures performances. Pam Grier, non nommée, aurait fait une gagnante assez fun pour Jackie Brown de Tarantino.
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Shakespeare in Love - Oscar du meilleur film (1999)
La pire soirée Oscar de l'histoire ? Ceux qui se demandaient l'an passé si le team Weinstein pouvait faire gagner un film comme The Artist auraient dû se souvenir que la même équipe a réussi à faire triompher Shakespeare in Love face à des œuvres comme Il faut sauver le soldat Ryan ou La Ligne rouge. Depuis, Madden s'est illustré dans le genre sous-films, à l'image de l'hyper-navet Proof (inédit chez nous en salles), et s'est toutefois refait une santé avec le succès de Indian Palace. Mais l'Académie n'est pas allée jusqu'à faire revenir Madden aux Oscars en 2013..
Qui aurait dû gagner ? La Ligne rouge ou Il faut sauver le soldat Ryan, tous les deux nommés, auraient fait des gagnants d'un tout autre standing que cette bluette en costumes.
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Roberto Benigni - Oscar du meilleur acteur pour La Vie est belle (1999)
Probablement un des Oscars les plus improbables de l'histoire. La meilleure preuve selon laquelle les Oscars sont un concours de popularité avant tout: on a voté pour le candidat qui faisait rire à la télé. Hollywood s'est réveillé avec une sacrée gueule de bois et a réservé 6 nominations aux Razzies (pour une fois méritées) à son film suivant, Pinocchio. Benigni a remporté le prix du pire acteur, une récompense moins étonnante.
Qui aurait dû gagner ? Un troisième Oscar pour Tom Hanks (Il faut sauver le soldat Ryan) aurait certainement été too much, mais Edward Norton (American History X), Nick Nolte (Affliction) ou Ian McKellen (Gods & Monsters) étaient sur les rangs. Ils n'étaient certes pas aussi drôles que Benigni. Mais les votants auraient alors pu se tourner vers Jim Carrey, non nommé pour The Truman Show.
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Gwyneth Paltrow - Oscar de la meilleure actrice pour Shakespeare in Love (1999)
La crispation Gwyneth Paltrow, justifiée ou non, date d'avant son Oscar. Beaucoup s'étaient indignés que la Paltrow reprenne le rôle de Grace Kelly dans le remake du Crime était presque parfait, les mêmes pensaient probablement que le meilleur de sa carrière tenait dans le dénouement de Seven. L'Oscar pour son interprétation quelconque dans Shakespeare in Love a cristallisé encore plus de crispation, et on ne vous parle pas de son discours calorique.
Qui aurait dû gagner ? Les votants qui ont choisi Paltrow comme meilleure actrice, l'année où Cate Blanchett, alors inconnue, se révèle dans Elizabeth, devraient-ils se voir retirer leur droit de vote pour cause de cécité ?
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Judi Dench - Oscar du meilleur second rôle féminin pour Shakespeare in Love (1999)
Elle-même était embarrassée. Pour son rôle de quelques minutes à l'écran, Dench a reçu un Oscar-gag, essentiellement destiné à son costume extravagant. La meilleure preuve qu'à un certain stade d'amour pour un film, n'importe quel Oscar peut être gagné.
Qui aurait dû gagner ? Kathy Bates pour Primary Colors, qui avait remporté le SAG ? Julianne Moore pour The Big Lebowski, qui n'était même pas nommée ?
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Un homme d'exception - Oscar du meilleur film (2002)
L'un des plus gros loupés des Oscars avec Shakespeare... ? Le mélo de Ron Howard fait sans aucun doute partie des gagnants les plus insignifiants de l'histoire. Mais sa campagne promo a, à l'époque, été la meilleure (ainsi que son box-office), loin devant celle de Moulin Rouge ! qui, malgré sa victoire au NBR, n'a pas vraiment réveillé l'intérêt et la confiance de la Fox. Lorsque le film australien remporte 3 prix aux Globes, dont meilleur film et meilleure actrice, la promotion a commencé à s'emballer. Trop tard. C'est l'année suivante, avec Chicago, qu'une comédie musicale gagnera un Oscar.
Qui aurait dû gagner ? Moulin Rouge !, Le Seigneur des anneaux: La Communauté de l'anneau ou Gosford Park auraient tous fait des gagnants artistiquement plus ambitieux. On ne vous parle même pas de Mulholland Drive, qui n'a même pas été nommé. Voir un des films les plus importants de la décennie snobé au profit du Ron Howard a quelque chose de magique... ou de consternant.
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Halle Berry - Oscar de la meilleure actrice pour A l'ombre de la haine (2002)
Plus personne, aujourd'hui, ne se souvient du mélo oubliable pour lequel Halle Berry a remporté son Oscar. On se souvient surtout de deux choses: d'abord, que Berry est devenue la première interprète noire à remporter le prix de la meilleure actrice (pour son interprétation surchargée). Ensuite et surtout, on se souvient de son discours culte. Celui d'Halle Berry, généralement cité comme le pire dans les différentes listes des "pires discours aux Oscars" trouvables ici ou là, compile tout, de l'hystérie gonflante qui donne envie de reprendre immédiatement le prix donné, aux crucheries absolues (être la première Noire à gagner un Oscar et le dédier solennellement aux actrices noires avant elle comme... Vivica Fox ou Jada Pinkett-Smith, il fallait le faire). Depuis, Berry a gagné un Razzie plus mérité, et sa carrière, entre Catwoman et des films de requins, n'a cessé de s'avachir.
Qui aurait dû gagner ? Nicole Kidman pour Moulin Rouge !, dont c'était l'année avec le succès en salles des Autres. Son Oscar de rattrapage arrivera l'année suivante avec The Hours, privant Julianne Moore, favorite pendant la majeure partie de la saison, du prix pour Loin du paradis. Voilà qui vous explique pourquoi nous vivons dans un monde où Julianne Moore n'a pas d'Oscar, mais Halle Berry oui.
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Ron Howard - Oscar du meilleur réalisateur pour Un homme d'exception (2002)
A Hollywood, tout le monde aime Ron Howard. Et l'aime suffisamment pour faire de ce faiseur lambda un réalisateur oscarisé. La liste de ses concurrents, cette année était éloquente. Et accablante.
Qui aurait dû gagner ? Les nominés étaient Ridley Scott pour La Chute du faucon noir, Peter Jackson pour La Communauté de l'anneau, Robert Altman pour Gosford Park et David Lynch pour Mulholland Drive. On se demande comment les Oscars ont pu continuer à être décernés après un raté aussi accablant.
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Renée Zellweger - Oscar du meilleur second rôle féminin pour Retour à Cold Mountain (2004)
Il fut un temps où Renée Zellweger était une chérie des Oscars. Celui qui lui permettait, par exemple, d'être nommée pour sa très médiocre prestation dans Chicago, faisant de la mordante Roxy un Flamby typiquement zellwegerien. Zellweger a fini par remporter la statuette dans le rôle semi-parodique de dure à cuire dans le mélo d'Anthony Minghella. Cadeau empoisonné: depuis l'Oscar, sa carrière est morte. Walk away Renée !
Qui aurait dû gagner ? La fabuleuse campagne de promotion pour House of Sand & Fog (resté inédit chez nous) compilait et comparait les différents pronostics parus dans la presse, avec une catégorie "Qui va gagner ?" et une autre "Qui mérite de gagner ?". Zellweger était systématiquement donnée dans la première, et Shohreh Aghdashloo dans la seconde. Une campagne agressive, mais, une fois les films vus, pleine de bon sens.
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Collision - Oscar du meilleur film (2006)
Aucun film depuis La Liste de Schindler n'a autant dominé la saison des prix que Brokeback Mountain, qui raconte l'histoire d'amour contrariée de deux cowboys. A part aux SAG (guild des acteurs) où le film était simplement nommé, Brokeback a gagné toutes les autres guilds importantes (producteur, réalisateur, scénariste), le Golden Globe (où Crash n'était même pas nommé) et le Bafta. Mais une polémique d'un autre âge a enflé en cours de saison. Certains votants, tels Tony Curtis ou Ernest Borgnine, étaient très fiers de déclarer qu'il était hors de question de regarder un film pareil (et donc d'apporter leur vote). Les membres de l'Académie sont ceux qui votent aux guilds ou aux Bafta, la victoire du film de Ang Lee semblait donc mathématiquement assurée. Mais Collision a gagné, et Jack Nicholson, annonçant le prix, n'a lui-même pas pu cacher sa surprise. Il est clair pour tout le monde qu'on ne parlait alors plus vraiment de cinéma.
Qui aurait dû gagner ? D'après vous ? Des statistiques intéressantes dans Entertainment Weekly indiquaient d'ailleurs que ces 15 dernières années, Collision est le seul gagnant à n'avoir été, au moment de la cérémonie, ni un énorme hit critique, ni un un énorme hit en salle. Le tout sans prix ou presque durant la saison. Curtis, Borgnine et leurs amis n'avaient vraiment pas envie de voter pour Brokeback Mountain.
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Jennifer Hudson - Oscar du meilleur second rôle féminin pour Dreamgirls (2004)
Longtemps accusés de racisme, les Oscars ont cru se racheter une respectabilité et se délester du même coup d'un trop-plein de culpabilité en multipliant, dans les années 2000, les nominations pour des acteurs noirs. Avec une certaine mesure, certes, mais les nommés ces dix dernières années sont moins exclusivement blancs qu'avant. Peu importe si on en vient à nommer Queen Latifah qui a une expression dans tout Chicago, Ruby Dee pour American Gangster (essayez de vous souvenir d'elle sans tricher), ou Jennifer Hudson pour son interprétation qui consiste simplement à beugler ses chansons. Or, ce ne sont pas les Oscars qui sont racistes. Mais Hollywood, qui n'emploie pas ou peu d'acteurs noirs pour les projets A. Ces mêmes projets qui se retrouvent... aux Oscars.
Qui aurait dû gagner ? Encore une fois, Cate Blanchett dans Chronique d'un scandale ? Peut-on vraiment dire que Jennifer Hudson est meilleure ? Blanchett, qui venait de gagner dans cette même catégorie 2 ans avant ne pouvait peut-être pas gagner à nouveau si vite. Mais Hudson était-elle vraiment meilleure que Rinko Kikuchi ou Adriana Barraza dans Babel ?
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Slumdog Millionaire - Oscar du meilleur film (2009)
Ce qui, en 2009, passe pour un grand signe d'ouverture et de modernité aux Oscars débouche sur un gagnant terrible, clip world hystéro qui n'est révolutionnaire que pour un public qui voit 3 films étrangers par an. Passons sur l'essentiel du moteur dramatique de Slumdog qui est littéralement aussi fort que celui d'un jeu animé par Jean-Pierre Foucault.
Qui aurait dû gagner ? L'Etrange histoire de Benjamin Button ou Harvey Milk, parmi les nommés, auraient fait de solides seconds choix, en l'absence d'un gagnant absolument évident.
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Danny Boyle - Oscar du meilleur réalisateur pour Slumdog Millionaire (2009)
Même punition. Voir Boyle sacré pour sa tambouille face à des réalisateurs non-oscarisés comme Gus Van Sant ou David Fincher rappelle le goût amer de 2002. Ou donne un avant-goût de 2011...
Qui aurait dû gagner ? Van Sant ou Fincher, mais Boyle fait toujours un meilleur choix que... Ron Howard, à nouveau nommé cette année pour Frost / Nixon.
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Le Discours d'un roi - Oscar du meilleur film (2011)
Il y a deux ans, les Oscars ont pris un coup de jeune et sont revenus 50 ans en arrière. Une période où ce genre de film lisse et costumé pouvait faire des ravages sur une académie qui retrouve tous ses thèmes fétiches (guerre ! couronne ! Royaume-Uni !). On sait que les Oscars ne sont pas Cannes et que leurs choix sont par définition plus académiques. Mais ce Discours a quelque chose de violemment anachronique pour un gagnant de 2011.
Qui aurait dû gagner ? Black Swan, The Social Network, Inception... les prétendants ambitieux parmi les nommés ne manquaient pas. Le Discours... était probablement le film le plus paresseux des dix nominés.
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Tom Hooper - Oscar du meilleur réalisateur pour Le Discours d'un roi (2011)
On n'avait pas vu plus grande plantade en réalisateur depuis la victoire de Ron Howard sur Lynch, Altman ou Jackson. Que Le Discours d'un roi soit aimé, soit. Qu'on juge sa médiocre mise en scène comme la meilleure de 2011 peut paraître comme une vaste blague.
Qui aurait dû gagner ? Darren Aronofsky, David Fincher, les frères Coen ou David O'Russell: tous les nommés étaient à des dizaines de coudées au-dessus de Hooper.
Dossier réalisé le 15 février 2012
