César 2015: le bilan !
La 40e cérémonie des César a eu lieu ce vendredi soir. Quels ont été les gagnants et les perdants de la soirée ? Quels ont été les temps forts et moins forts ? Retour sur une cérémonie lugubre.
Nous avions tout bon dans nos pronostics, mais soyons honnêtes: ce n'était pas très dur. Sans surprise, Timbuktu s’est imposé lors de la 40e cérémonie des César. La vague d’amour pour le film d’Abderrahmane Sissako a été tellement forte que celui-ci a même remporté des César un peu improbables, du meilleur son au meilleur montage. Mais avec 7 statuettes pour 8 nominations, c’est le très grand gagnant de cette année. Les Combattants a également brillé avec trois prix, et pas des moindres : meilleure actrice, meilleur premier film et meilleur espoir. Comme un symbole d’une soirée placée sous le signe de la jeunesse et du renouveau (on parle évidemment du palmarès et pas du show) : Adèle Haenel et Pierre Niney, sacrés meilleure actrice et meilleur acteur respectivement pour Les Combattants et Yves Saint Laurent, sont nés en 89, Kristen Stewart, gagnante en second rôle pour Sils Maria, est née en 90, tandis que Reda Kateb, né en 1977, a reçu son premier César pour sa première citation en meilleur second rôle dans Hippocrate.
Hippocrate fait pourtant partie des « perdants » de la soirée avec seulement un César sur sept possibles – mais le film était un challenger. Le grand perdant est Saint-Laurent qui était le film le plus nommé (10 citations) avec à l’arrivée une seule récompense (en meilleurs… costumes). La Famille Bélier, déjà généreusement invité dans la catégorie meilleur film, se contente d’un prix (meilleur espoir féminin) et on entend déjà les accusations de snobisme anti-comédie : rappelons-nous que la dernière comédie à avoir remporté le César du meilleur film date… de la dernière cérémonie, et que Les Combattants n’est pas vraiment un drame bergmanien.
Un mot sur la cérémonie ? Mortifère. Ennuyeuse. Sinistre. Ça fait trois, et c’est peut-être déjà trop car on sait que regarder les César pour ensuite se pincer le nez et dire à quel point c’était nul est une évidence un peu tartignole. Cependant, comme nous l’avions noté dans notre précédent bilan, la cérémonie de l’an passé n’était pas parfaite mais avait bénéficié de la fraicheur de Cécile de France en maîtresse de cérémonie et de quelques vrais efforts. Patatras cette année, qui se classe sans mal parmi les pires cérémonies : le non-rythme, les non-gags et l’ambiance visite au cimetière et nuit au Groenland ont transformé ces 4 heures (plus que le temps nécessaire pour voir Autant en emporte le vent) en veillée funèbre. On aime en France se moquer des Oscars et de leur côté formaté (et on sait à l’opposé que comparer les moyens des Oscars et ceux des César est absurde), mais les règles sur les discours aux Oscars, si elles sont parfois brutales, donnent de la dynamique au show. Hier aux César, certains discours énoncés lentement d’une voix monotone pendant 10 minutes donnaient vraiment le sentiment d’avoir vieilli, affalé sur son fauteuil.
Un sketch à sauver : celui, absurde et enlevé, sur les théories conspirationnistes. Le reste ne méritait pas mieux que la froideur extraordinaire d’une salle qui semblait parfois vidée. L’hommage à Alain Resnais était aussi lugubre qu’ampoulé, et ne semblait être conçu que pour faire pleurer Sabine Azéma. La force des Oscars est qu’ils parviennent à célébrer le cinéma, même lorsque l’année n’est pas exceptionnelle, et le show parvient à vous donner (un peu) envie de jeter un œil même au plus formaté des longs métrages. C’est un peu l’inverse avec les César, dont les nominations n’étaient pas honteuses, mais qui ne semblent rien célébrer, à l’image des extraits des prestations des nommés choisis totalement au hasard. Cette soirée était grise, remplie de malaises et triste jusqu’à l’auto-parodie.
PS : François Ozon a récolté hier les 32e et 33e citations pour ses films, et encore une fois aucun César à l’arrivée. Le running gag tient toujours…
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