Zombie

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Zombie
Dawn of the Dead
États-Unis, 1978
De George A. Romero
Scénario : George A. Romero
Avec : David Crawford, David Emge, Ken Foree, Scott H. Reiniger, Gaylen Ross
Photo : Michael Gornick
Durée : 1h59
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Philadelphie est envahie par les morts-vivants, deux journalistes et deux policiers s'échappent ensemble en hélicoptère de la ville pour finalement, à cours de carburant, trouver refuge dans un centre commercial à priori désert...

Attention, ce film est un monument, le film d'horreur ultime, un concentré d'horreur brute et viscérale qui vous marquera à tout jamais. Deuxième volet de la fameuse trilogie de George A. Romero, après La Nuit des morts-vivants et avant Le Jour des morts-vivants, Zombie est à mon sens le plus abouti de ces trois chefs-d'oeuvre. Comme dans les autres volets de la trilogie, Zombie se déroule dans un lieu bien précis: ici un centre commercial abandonné. Le cadre temporel est lui aussi prédéterminé, chaque film évoluant de la même façon avec, comme un virus sans vaccin, l'arrivée progressive et inéluctable des morts-vivants. Unité de lieu, unité de temps, mais qu'est-ce qui différencie alors ce film des autres de la trilogie? Du gore sans la moindre limite, et en couleur (de ce point de vue le problème dans La Nuit des morts-vivants était de voir le sang en noir et blanc); des maquillages atrocement réalistes signés Tom Savini; un rythme trépidant grâce à de l'action à tout va et à un scénario extrêmement efficace, auquel a collaboré sans en être crédité Dario Argento (qui remontera le film dans sa version européenne, il existe ainsi une bonne demi-douzaine de versions différentes du film); une bande originale fabuleuse, signée des Goblin, compositeurs attitrés du maître italien qui a réussi à les imposer à Romero; un traitement qui, sans céder à la plaie du second degré, réussit à être critique et caustique...

Face à ces êtres inhumains et devant un destin tout tracé se révolte une poignée de survivants, terriblement humains, prêts à tout pour s'en sortir. Une humanité sympathique parfois, lorsque les personnages utilisent un instant de répit pour profiter des loisirs offerts par le centre commercial, mais le plus souvent assez déplaisante, comme lorsque cette bande de motards arrive et commet des atrocités gratuites sur les pauvres erres morts-vivants. Le look de ces derniers, leurs attitudes, quelque part entre le grotesque et le bouleversant traduit cet instant terrible et brutal où il sont devenus des zombies et ont perdu leur humanité sans pour autant connaître le repos de la mort, comme cet adepte de Krishna brusquement devenu carnivore. Par moment, on en vient même à se demander si Romero ne préfère pas l'inhumanité de ses zombies à une humanité sordide et dévoyée. En ce sens, Zombie est un film profondément nihiliste. En passant, Romero ne se gêne pas pour singer le consumérisme ambiant et l'omnipotence des médias. Les questions que se pose George A. Romero sur la nature de l'homme restent sans réponse, mais constituent l'élément moteur d'une oeuvre fascinante, de La Nuit des morts-vivants à Bruiser.

par Yannick Vély

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