Tombeau des lucioles (Le)

Tombeau des lucioles (Le)
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Tombeau des lucioles (Le)
Hotaru No Haka
Japon, 1988
De Isao Takahata
Scénario : Isao Takahata
Musique : Yoshio Mamiya
Durée : 1h28

Suite aux pluies noires qui se sont abattues sur Kobe durant l'été 45, deux enfants, Seita et Setsuko, deviennent orphelins. Du foyer d'une malveillante tante à un abri du fortune peuplé de lucioles, ils tentent de survivre seuls.

Passé plutôt inaperçu lors de sa sortie en France en 1996, Le Tombeau des lucioles est pourtant un authentique chef d'oeuvre, le récit à la fois sublime et horrible d'une enfance sacrifiée. Suscitant un malaise palpable, les premiers instants du film annoncent la couleur: "la nuit du 21 septembre 1945, je suis mort". Ce sont les mots de Seita, 14 ans, s'éteignant dans une cruelle indifférence. Le reste du film sera raconté en flash back, écartant tout malsain suspens: le récit sera douloureux, réaliste, sans concession. Parfois insoutenable, la dureté du Tombeau des lucioles n'a d'égale que sa poésie, permettant ainsi quelques respirations dans un cadre de désolation assez étouffant.

Le tombeau du titre est le refuge que trouvent Seita et Setsuko après avoir quitté le foyer de leur tante. Un abri sombre, lugubre, illuminé par la présence de lucioles. Le tombeau en question étant en quelque sorte une image de l'existence que mène les deux jeunes enfants, deux lucioles dont le scintillement se fait de plus en plus faible dans un univers où le spectre de la mort est omniprésent. L'existence également dans un Japon réduit en cendres par les bombardements, sans pour autant que le film donne dans le patriotisme nauséabond: les conflits demeurent un toile de fond mais le récit se concentre exclusivement sur les deux principales figures. Le Tombeau des lucioles est avant tout un film sur l'enfance face à la guerre, d'un réalisme proche du documentaire - Takahata se détachant ainsi du côté fantaisiste et magique d'un Miyazaki pour sa première réalisation au sein du studio Ghibli. Le Tombeau des lucioles est une oeuvre de paradoxes: à la fois beau et atroce, sombre et lumineux, doux et amer. On ne peut en revanche que difficilement se résoudre à une rassurante formule voulant que "de la mort émane la vie", car si le dernier plan montre une métropole en paix, elle est également perçue du point de vue de deux fantômes, deux jeunes enfants sacrifiés.

par Nicolas Bardot

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