Rock Aliens
Voyage of the Rock Aliens
États-Unis, 1987
De James Fargo
Scénario : Edward Gold, James Guidotti, Charles Hairston
Avec : Craig Sheffer, Pia Zadora
Photo : Gilbert Taylor
Musique : Jack White
Durée : 1h37
Une jeune chanteuse, Dee Dee, est amoureuse de Frankie, leader d'un groupe local "les Mustangs" et reve de chanter avec lui mais il s'y oppose. Débarquent alors les extra-terrestres attirés par cette musique étrange. Leur chef, Abside, et son groupe les "Aliens" entrent en contact avec les "Mustangs". Abside tombe amoureux de Dee Dee et lui propose de chanter dans son groupe...
TU N'ES PAS DE NOTRE GALAXIE
Faites le test chez vous: lancez Rock Aliens et dès les premières secondes, dès les vocalises du générique sur du synthétiseur dont les notes semblent tomber d'une étoile, vous êtes projeté dans les années 80. C'est le premier voyage de ce film (dont le titre original est Voyage of the Rock Aliens) qui est un total dépaysement. James Guidotti, scénariste de la première version du script (qui restera son seul scénario, son grand œuvre), explique clairement le principe réjouissant de Rock Aliens: "c'est comme s'installer dans son canapé un samedi soir tard, et changer de chaine de la 5 à la 9 puis de la 11 à la 13 [...] Sur la 5 ils passent un beach party movie, sur la 9 un film d'invasion extraterrestre, sur la 11 un film sur un psychopathe en fuite, et sur la 13 un programme de rock'n'roll". Comme si ça ne suffisait pas, l'arrivée d'un autre scénariste, Edward Gold, va transformer tout cela en comédie musicale. Le gloubiboulga Rock Aliens est né.
Rock Aliens s'ouvre par un autre voyage, celui d'extraterrestres qui cherchent la planète sur laquelle s'installer. Leur critère ? La musique. Où, dans l'univers entier, la musique est-elle bonne ? Un robot, dans son vaisseau en forme de guitare électrique, passe diverses planètes en revue. Après quelques essais, le robot est interloqué par une planète où la musique est supérieure: évidemment, puisqu'on y passe "When the Rain Begins to Fall" de Pia Zadora et Jermaine Jackson. C'est l'entourloupe magique de Rock Aliens. Pia Zadora mise à part, le cast, les décors, l'histoire du clip: il n'y a aucun rapport avec le reste du film. Le robot lui-même se dit finalement que cette planète ne vaut pas le coup, et se décide à aller sur la Terre. Mais les producteurs ont décidé d'inclure le clip quand même, sur un principe identique à celui évoqué par le scénariste: avant de zapper sur le beach movie ou le programme de rock, on zappera d'abord sur un clip de pop, visionné en intégralité. Rock Aliens, quelque part entre Alain Resnais et les dadaïstes.
Le film de James Fargo (qui, auparavant, a dirigé Clint Eastwood sur un épisode de L'Inspecteur Harry et Doux, dur et dingue) a la qualité rare qui réunit les plus grands chefs d’œuvre et les meilleurs nanars: il n'a peur de rien. Ca tombe bien, Pia Zadora, la star de poche de ce Rock Aliens, a débuté sa carrière cinématographique dans Le Père Noël contre les martiens, preuve qu'elle non plus n'a pas froid aux yeux. La fantaisie bon enfant est encore meilleure aujourd'hui car elle est celle d'un cinéma qui n'existe plus. Rose bonbon et chouchou sur la tête, chorégraphies avec des poulpes martiens ou dans les chiottes du lycées (pas les vôtres, grises et pourries, mais les leurs, violettes et pailletées), amour le jour avec le lover du lycée (Craig Sheffer en cuir, dont les fesses défient les lois de la physique et que le réalisateur croque de manière totalement gratos lors de son entrée en scène), la nuit avec un martien sur une planète psychédélique (le quotidien de n'importe quel épisode de Jem et les Hologrammes): Rock Aliens ne se refuse rien. Alors peu importent l'opportunisme et le clip promotionnel géant dédié à la Zadora, peu importe le bide énorme du film à peine sorti, peu importent ses dérapages incontrôlés: Rock Aliens est une véritable étoile filante. Souhaitez fort qu'elle repasse bientôt devant vos yeux émerveillés.