Predator
États-Unis, 1987
De John McTiernan
Avec : Arnold Schwarzenegger
Photo : Donald McAlpine
Musique : Alan Silvestri
Durée : 1h47
Le commando de forces spéciales mené par le major Dutch Schaeffer est engagé par la CIA pour sauver les survivants d’un crash d’hélicoptère au cœur d’une jungle d’Amérique Centrale. Sur place, Dutch et son équipe ne tardent pas à découvrir qu’ils sont pris en chasse par une mystérieuse créature invisible qui commence à les éliminer un par un. La traque commence…
DANS LA JUNGLE, TERRIBLE JUNGLE
En juin 1987, un film d'action signé par un jeune réalisateur encore méconnu (John McTiernan, dont le premier film Nomads est globalement passé inaperçu) cartonne au box-office américain. Sa star, elle, est déjà bien-aimée du public : Arnold Schwarzenegger, qui sort des succès de Conan le barbare, Terminator et Commando. Il est avec Sylvester Stallone l'icône 80s d'une action musclée, et le jeune McTiernan s'en sert à merveille. Dutch, le héros que Schwarzenegger incarne dans Predator, est filmé comme une icône lors de son entrée en scène, cigare au bec. Lorsqu'il retrouve l'un de ses acolytes (Carl Weathers, qui lui non plus n'a jamais séché ses séances de gym), les deux gaillards se serrent la patte jusqu'à en faire un concours de biceps. Avec une ironie mordante, McTiernan n'hésitera pas à trancher du bras dans cette aventure qui va mettre à mal les héros testostéronés d'une Amérique invincible.
Lorsque le pitch de Predator circule, avant son tournage, on présente le film comme un Alien dans la jungle. McTiernan y affutera, par sa mise en scène, son sens de l'espace qui fera merveille dans d'autres de ses classiques du cinéma d'action. Un sens du mystère aussi. La célébration virile annoncée tourne court lorsque les musclés découvrent peu à peu des indices qui les décontenancent. Un hélicoptère est perché dans les arbres et la jungle, littéralement, saigne. "C'est inhumain" - "Un vrai mystère", observe t-on. McTiernan sait construire la tension et parvient à varier les registres avec efficacité : le spectacle est à la fois bourrin (aux bras coupés s'ajoutent les têtes qui explosent), visuellement ambitieux et sait être potache sans que les répliques juteuses ne prennent le pas sur la tension.
Kevin Peter Hall, l'acteur qui était dans le costume du Predator, a confié que son expérience du tournage n'était pas celle d'un simple film, mais d'un survival pour tous les participants. Predator n'a pas été tourné dans un Center Parcs et sa jungle semble suintante à souhait. McTiernan en fait peu à peu le décor d'un affrontement mythique entre un Schwarzenegger hors normes et un monstre devenu depuis un emblème du genre, un diable qui fait de l'homme son trophée. Trente ans plus tard, le long finale muet et pyrotechnique reste tout aussi impressionnant et excitant. L'exigeance du film en termes de spectacle et son usage à l'époque à la fois inédit et économe des effets numériques nous rappellent à quel point les équivalents contemporains sont tristes. Predator ressort ce mercredi 17 août en version restaurée et le plaisir qu'il procure est toujours aussi fort.