Meurtres en VHS
Remote Control
États-Unis, 1988
De Jeff Lieberman
Scénario : Jeff Lieberman
Avec : Kevin Dillon, Jennifer Tilly
Photo : Tim Suhrstedt
Musique : Peter Bernstein
Durée : 1h28
Un petit vidéoclub reçoit deux cassettes vidéo d’un film d’horreur d’un genre étrange. Deux employés se rendent compte que les clients ayant visionné cette V.H.S. sont tous morts dans d’étranges circonstances...
BANDE A PART
Earth: 1987. Ce carton d'introduction au début de Meurtres en VHS vous semble superflu ? Après avoir vu le film de Jeff Lieberman, vous comprendrez peut-être son utilité, tant le spectacle proposé semble venir tout droit de Saturne. Lieberman, après avoir enchainé La Nuit des vers géants, Le Rayon bleu et Survivance, met 7 ans avant de réaliser Meurtres en VHS, dont il parle comme de sa pire expérience en tant que metteur en scène. Il attendra 16 ans avant de réaliser un autre long métrage, l'atrocement nul Au service de Satan, qui ne ressemble pas vraiment à un retour flamboyant. Pour Meurtres en VHS, Jeff Lieberman emploie le pas cuit et bien fadasse Kevin Dillon (frère de), révélé un an avant par Platoon et qui, la même année, est à l'affiche du Blob de Chuck Russell. On croise également une jeune Jennifer Tilly, qui joue déjà un personnage mi-perché mi-pétasse. La légende dit que Johnny Depp n'aurait pas réussi à s'imposer dans ce casting pourtant pas spécialement de haute volée. Meurtres en VHS aurait ajouté une réjouissante ligne à son CV.
Dix ans avant Sadako et la vidéo maudite de Ring, Meurtres en VHS invente la vidéo qui tue. Non pas à une époque où, comme dans le film de Nakata, la cassette vidéo devient elle-même peu à peu un objet appartenant à un autre temps, mais au cœur des années 80, là où les vidéo-clubs sont rois. On ne vous jouera pas la carte du film sur le pouvoir de l'image, Meurtres en VHS s'apprécie comme une série B 80's dont le gloire vient à la fois de sa candeur absolue et de son amoncellement de fantastiques idées à la con.
La vidéo maudite dans Meurtres en VHS est une parodie de film de science-fiction des années 50, avec ses costumes en alu et son orgue qui hulule. Par un étrange voyage dans le temps, les années 80 dans le film de Jeff Lieberman semblent être d'autres années 80, comme on les aurait imaginées dans les années 50. Au kitsch naturel des 80's s'ajoute, comme un surlignage, le kitsch de la projection rétro-futuriste. Les décors et surtout les costumes donnent l'impression que tout se déroule sur Mars - et pourtant non. Ce choix esthétique n'est jamais expliqué et donne à Meurtres en VHS un aspect totalement lunaire absolument culte. Le film culmine lors d'une séquence de fête qui tourne à l'incendie de poulailler et qui ferait passer les clips de Cyndi Lauper pour de tristes messes mormones. Une patine mise en valeur par la foi du long métrage, son absence d'ironie, qualité commune à pas mal de productions d'époque. Meurtres en VHS en est un exemple méconnu et assurément à redécouvrir.