Maison des 1000 morts (La)

Maison des 1000 morts (La)
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Maison des 1000 morts (La)
House of 1000 Corpses
États-Unis, 2001
De Rob Zombie
Scénario : Rob Zombie
Avec : Karen Black, Erin Daniels, Sid Haig, Chris Hardwick, Sheri Moon, Bill Moseley
Photo : Alex Poppas
Musique : Scott Humphrey, Rob Zombie
Durée : 1h28
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Deux jeunes couples, qui veulent écrire un guide du routard des itinéraires bis de l’Amérique, se lancent à la recherche du docteur Satan, légende locale morbide. Surpris par un orage, ils trouvent refuge dans la mystérieuse demeure d’une non moins mystérieuse auto-stoppeuse, où réside une famille fidèle au cannibalisme et aux rites sataniques.

VF La maison des 1000 morts envoyé par Saku399

LA CHAIR ET LE SANG

Nous sommes en 2001. Alors qu’à Hollywood, les remakes de films d’horreurs à petits budgets de William Castle semblent prendre un bon départ (La Maison de l'horreur, 13 fantômes) et qu’il est toujours question d’un remake du film culte Massacre à la tronçonneuse chez New Line, Universal cherche à se lancer dans la compétition des maisons hantées et autres films d’épouvante de série B à petit budget. C’est alors que débarque dans leurs bureaux le fantasque Rob Zombie, auteur, compositeur, interprète et réalisateur du groupe White Zombie, avec dans les mains ce projet dégénéré de famille cannibale grotesque tout droit sortie d’une fête foraine extravagante. Un peu frileux au départ, la réputation de Zombie, son univers scénique et visuel (Rob Zombie est aussi dessinateur et illustre chacun de ses albums de sa touche personnelle) ainsi que ses précédentes réalisations clipées pour son groupe finissent par convaincre la maison mère à céder quelques millions de dollars pour l’entreprise. Le film étant très peu coûteux - aucune star à l’affiche - et le scénario ne semblant pas très onéreux sur le papier, Rob Zombie n’est surveillé que d’un œil et se laisse très vite partir en roue libre, ou plutôt fait le film comme lui l’entend plutôt que de se plier au cahier des charges du studio. Lorsque les pontes découvrent enfin le film, ils sont horrifiés. Au lieu d’avoir un produit ultra calibré pour la fête d’Halloween , ils se retrouvent avec ce voyage hystérique et onirique au pays des culs terreux. Bienvenue dans la tête du Zombie. Devant ce "foutage de gueule", le studio envoie Zombie se faire voir ailleurs, ses copies sous le bras, refusant catégoriquement de distribuer le film, même sur les étagères des vidéos clubs. La légende du film naît alors. Tout est dit dessus, le meilleur comme le pire, mais même si tout n’est que rumeur, une grosse publicité se forme autour de lui et lorsque la société Lion’s Gate rachète l’œuvre pour la distribuer, le film rembourse non seulement ses frais mais termine sa carrière avec le double de son coût comme bénéfices.

THE INCREDIBLE TORTURE SHOW

Si Quentin Tarantino avait réalisé un film d’horreur, on peut être sûr qu’il serait en tout point proche de celui-ci. Car ce qui compose ce film est avant tout un savant amour du film de genre. Entre le bouffon et le sanguinolent, ce train fantôme visuel nous fais traverser l’esprit décérébré de son auteur, esprit nourri aux clowns torturés, à la cervelle frémissante et aux gènes mal formés. Du Massacre à la tronçonneuse de Tobe Hooper à La Colline a des yeux de Wes Craven, de Lucio Fulci à Mario Bava, de Tueurs nés à Maniac, nombreuses sont les références, influences et citations qui jalonnent le film. On y décèle même certaines orientations proche d’un Clive Barker. Mais tout comme le "palmedorisé" de 1994, tout y est digéré et finalement recraché avec presque autant de génie. Et à aucun moment l'on est trompé sur la marchandise. Monstres de foire, famille bâtarde, expériences corporelles, délire visuel cérébral, mélange de couleurs vives et souvent saturées, musique organique teintée western électronique, galerie de gueules et jeu outrancier font partie intégrante de l’univers de son auteur, et ce qui généralement accompagnait ses riffs saturés et ses concerts-spectacles se retrouve imprimé sur le celluloïd comme LA nouvelle référence du genre "grand guignol" pour le plus grand désarroi d’Universal.

ŒIL POUR ŒIL, SANG POUR SANG

Et pourtant le film n’est pas exempt de tout défaut. À trop vouloir bien faire, certains passages semblent se mélanger les pinceaux et la mise en scène ainsi que le montage en pâtissent parfois légèrement. La faute doit être due au trop plein de fougue du réalisateur, trop désireux de pouvoir enfin étaler ses délires sur un format long. Car les effets polarisants ou négatifs sont incessamment utilisés, et en trop grand nombre. Même les personnages sont un peu fins de caractère car l'on se perd vite entre les deux protagonistes féminines. On sait bien que ce qui intéresse le plus l’ami Rob, ce sont les personnages secondaires, ceux dont il est venu raconter l’histoire, mais un traitement moins approximatif aurait peut-être permis de donner plus d’ampleur quand au sort des héros. Enfin, l'on peut aussi regretter l’absence de musique proprement "zombiesque", car ses mélodies country électro-industrielles auraient sûrement donné encore plus de puissance aux images. Pas que celle présente soit discutable, mais plutôt trop proche du genre sans chercher à le magnifier ou à le glorifier. On n’y entend finalement que le minimum syndical. Et pourtant, malgré tous ces défauts inhérents, le film fonctionne pour ce qu’il est: l’étalage sur grand écran des délires tout droit sortis d’un esprit fantasque où l’horreur juxtapose la facétie. Ce qui laisse envisager le meilleur pour The Devil's Rejects, suite directe du film, qui doit débarquer sur les écrans américains courant 2005, et qui devrait donner bien plus de crédit au genre que les nouveaux remakes à l’image trop bien lissée et aux montages peut-être trop proches du clip.

par Christophe Chenallet

En savoir plus

Aprés être resté trois bonnes annés inédit dans notre chère patrie, le film vient enfin de sortir en édition zone 2 francaise.

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