Le Loup-garou de Londres
An American Werewolf in London
États-Unis, 2009
De John Landis
Scénario : John Landis
Avec : Griffin Dunne, David Naughton
Photo : Robert Paynter
Musique : Elmer Bernstein
Durée : 1h37
Sortie : 04/11/1981
Deux jeunes Américains en vacances s'égarent dans une région déserte de l'Angleterre. Ils sont attaqués par une bête étrange. Peu après, l'un d'entre eux s'éveille dans un hôpital...
L'HEURE DU LOUP
1969: alors qu'il travaille sur le tournage de De l'or pour les braves, en ex-Yougoslavie, John Landis, 19 ans, doit faire le chemin en voiture entre Umag et Novi Sad, «avec un chauffeur probablement arrêté pour crime de guerre depuis». 600 kilomètres à parcourir sur une route à une voie et une étendue désertique qui sert d'étincelle pour Landis, de point de départ pour l'histoire de loup-garou dont il rêve. Plus encore lorsque sur le trajet, la voiture s'arrête auprès de gitans qui enterrent l'un des leurs, enveloppé dans un drap, recouvert de tresses d'ail et de chapelets, afin de s'assurer que le défunt bientôt sous terre ne revienne pas à la surface. Pour Landis, élevé à Los Angeles, le spectacle sonne comme un décor de cinéma, lui rappelant les personnages du Loup-garou de George Waggner avec Lon Chaney Jr: «Les grands-mères ressemblaient à Maria Ouspenskaya, avec les mêmes bijoux». Dix ans plus tard, les routes désertiques des Balkans ont laissé place aux larges étendues de landes anglaises, pour un même sentiment d'inquiétude. Admirateur du classique d'Universal, Landis souhaite pourtant prendre ses distances avec ce modèle. Le challenge principal tenait alors dans les mains de Rick Baker, habitué des lycanthropes puisqu'il sort du tournage de Hurlements, de Joe Dante.
Aux fondus enchaînés de 1941 durant la transformation succède une impressionnante métamorphose plein cadre en forme de puberté accélérée, poils apparaissant sur le corps du héros et membres agrandis. Une inspiration maison pour Baker: «le loup-garou a fini par ressembler à mon chien Bosco», influence bienvenue puisque son travail lui a valu de récolter le premier Oscar de l'Histoire décerné aux meilleurs maquillages. Un regard plus réaliste, mais aussi un retour à l'animalité du mythe: pas de bipède, mais une bête à quatre pattes. Landis met les pieds dans le plat, fait sa fête à la barbaque et n'a aucun scrupule à déchiqueter un de ses gentils héros dès la première bobine (héros qui, d'ailleurs, apparaissent à l'écran au sein d'un prophétique troupeau de moutons à croquer). Le loup-garou avance sans laisse, s'en va fureter autant dans l'horreur que la comédie (un mélange qui lui a beaucoup été reproché à l'époque), libre également dans ses digressions de rêves dans le rêve et de brusque rupture de ton (en hommage au Charme discret de la bourgeoisie de Bunuel, avec cette séquence dingo où des loups nazis viennent charcuter une famille entière). Pour le finale, Landis obtient l'accord exceptionnel de tourner dans un Picadilly Circus fermé pour l'occasion, à la veille des émeutes de Brixton qui vont secouer le Royaume-Uni quelques semaines plus tard. Sorti à la fin de 1981, Le Loup-garou de Londres est un triomphe qui a acquis, depuis, son statut un peu plus culte à chaque pleine lune.