If...

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Royaume-Uni, 1968
De Lindsay Anderson
Scénario : David Sherwin
Avec : Malcolm McDowell
Photo : Miroslav Ondricek
Musique : Mark Wilkinson
Durée : 1h51
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Des lycéens anglais se révoltent violemment contre le système éducatif et la discipline de fer de leur établissement.

ET SI C'ÉTAIT VRAI

Au palmarès des Palmes d'or méconnues (du moins, de ce côté-ci de la Manche), If... pourrait tout à fait prétendre à un beau prix. Le 23 mai 1969, lorsque le président du jury, l'Italien Luchino Visconti, annonce le grand gagnant d'une sélection qui comportait des films comme Ma nuit chez Maud d'Éric Rohmer, Easy Rider de Dennis Hopper ou Z de Costa-Gavras (des cinéastes qui étaient tous au début de leurs carrières), beaucoup ont dû manger leur chapeau. Car si le film mérite bel et bien d'être palmé, cette récompense suprême pour un cinéaste quasi inconnu racontant une histoire de lycée de garçons qui sent le stupre et la cravache ne coulait pas de source. Mais c'est aussi de cette façon que se sont distingués les palmarès les plus marquants sur la Croisette.

Né en Inde en 1923, Lindsay Anderson s'est d'abord fait connaître comme critique pour Sequence, Sight & Sound ou la revue du British Film Institute. Avant sa première fiction en 1963 (Le Prix d'un homme), il s'essaie au documentaire et réalise des courts métrages. Anderson devient une figure du Free Cinema, un mouvement qui, comme son nom l'indique, est sous le signe de la contestation, un esprit que l'on retrouve dans If.... Secondé par un jeune assistant encore inconnu et nommé Stephen Frears, Anderson raconte la révolte d'élèves d'une public school contre l'ordre établi, l'autorité et les adultes. Sorte d'anti-Cercle des poètes disparus, If... tire à boulets rouges sur le système éducatif britannique, emprunte les routes du surréalisme en citant Zéro de conduite de Jean Vigo, mixe usage du noir & blanc et jaillissements de couleurs qui ajoutent à l'étrangeté de cet ovni, à une volonté de déstabiliser, bouger les frontières entre réalisme estudiantin et fantasmes de révolte.

Les points de suspension du titre ne sont pas posés là par hasard: le climat est à l'incertitude, et If... ne passe pas son temps à ruer dans les brancards. Lors d'une scène en apesanteur, quelques étudiants observent comme médusés le spectacle d'un professeur s'exerçant à la barre fixe. Anderson, par une liberté totale, suggère ce qu'il veut, notamment sur les relations entretenues par ses personnages, tout en défrisant, si possible, la censure et la Paramount. Le film sera la pierre angulaire de la carrière de Malcolm McDowell, qui trouve ici son premier rôle, qu'il déclinera dans Le Meilleur des mondes possible et Britannia Hospital (deux segments d'une trilogie formée à partir de If...), et qui inspirera à Kubrick le héros d'Orange mécanique. Sans mentionner, des années plus tard, le jeu vidéo Shin Megami Tensei: if..., développé par Nintendo en 94, et inspiré lui aussi par le film de Lindsay Anderson qui n'a pas pris une demi ride.

par Nicolas Bardot

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If... ressort le mercredi 23 novembre en salles.

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