Dai Nipponjin

Dai Nipponjin
Envoyer à un ami Imprimer la page Accéder au forum Notez ce film
Dai Nipponjin
Japon, 2007
De Hitoshi Matsumoto
Scénario : Hitoshi Matsumoto
Avec : Hitoshi Matsumoto
Photo : Hideo Yamamoto
Durée : 1h53
  • Dai Nipponjin
  • Dai Nipponjin

Dai Sato mène une vie des plus routinières, perpétuant ainsi la tradition familiale. Il doit contribuer à maintenir la paix. Mais la plupart des gens lui dénigre cette responsabilité. C'est un film sur les relations humaines : relations de Dai Sato, avec son agent, avec son ex-femme, sa fille et son grand- père souffrant de démence.

L’ÉTOFFE D'UN HÉROS

"J’avais dû imposer le film contre l’avis général de mon comité de sélection qui l’avait détesté". Voici comment Olivier Père parle de Dai Nipponjin, premier long métrage d'Hitoshi Matsumoto, présenté à la Quinzaine des réalisateurs en 2007. La carrière de Matsumoto débute une vingtaine d'années plus tôt, au début des années 80, non pas au cinéma mais en formant un duo comique avec Masatoshi Hamada. Ensemble, ils s'illustrent notamment à la télévision, enchainant gags ou sketchs absurdes et enfantins entre deux prestations musicales de Ayumi Hamasaki ou L'Arc~en~ciel. De ses expériences passées, Hitoshi Matsumoto garde deux choses. Son humour bien sûr, constitué de pochades surréalistes, de jeux débiloïdes, de collages incongrus. Mais surtout le fait de ne pas venir du cinéma, d'arriver pur sur un tout autre terrain de jeu, donnant naissance à son tour à ce "cinéma impur" évoqué par Père dans le même article. Si le cinéma de Hitoshi Matsumoto ne ressemble à rien de connu, Dai Nipponjin en tête, c'est parce que Matsumoto écrit ses propres règles, celles qui régissent son propre monde cinématographique, particulièrement zinzin et abracadabrant.

L'un des gros plaisirs de ce Dai Nipponjin tient dans ses effets de surprise - difficile d'en parler sans altérer la joie de la découverte. Mais on peut parler de son point de départ: un docu-vérité qui, au lieu de piocher chez des cas sociaux du nord ou cas pouffes du sud façon Confessions intimes, suit les traces d'un déguenillé japonais à l'existence médiocre, avant de basculer dans l'hommage au Kaiju Eiga (les films de monstres géants façon Godzilla mettant Tokyo à sac encore et encore). Un basculement qui permet à Matsumoto d'exercer son art du cadavre exquis, de comique de répétition jusqu'à l'épuisement, pour un résultat aussi inattendu qu'hilarant où se rencontrent monstres à la con, chats magiques, slips en lycra violet, dînette chez X-Or et menaces nord-coréennes. Depuis, Matsumoto a confirmé avec Symbol et Saya Zamurai qu'il ne marchait pas qu'au craquage en roue libre, mais que ses films obéissent à une rigueur d'écriture et de forme (même en refusant les règles), et qu'on tenait là, même s'il approche de la cinquantaine, une des nouvelles voix les plus singulières du cinéma japonais contemporain. Et même mondial. Entre temps, Dai Nipponjin est devenu culte notamment outre-Atlantique, où il a été rebaptisé Big Man Japan, avant un possible remake officiel qui succéderait au semi-pompage de Hancock, en 2008. Et la sortie française de Saya Zamurai devrait élargir son cercle de fans...

par Nicolas Bardot

Commentaires

Partenaires