Trois couleurs: Bleu, Blanc, Rouge - La Musique

Trois couleurs: Bleu, Blanc, Rouge - La Musique

Impossible de parler de la musique de Zbigniew Preisner sans évoquer sa formidable collaboration avec Krzysztof Kieslowski. C’est dix ans après leur premier travail ensemble que le projet de la trilogie arrive. Preisner s’est nourri de cette longue collaboration pour composer ce chef-d’œuvre, décliné en trois CD, qui sait si bien représenter l’atmosphère si particulière des films du grand cinéaste.

REQUIEM FOR A FRIEND

Zbigniew Preisner et Krzysztof Kieslowski se sont rencontrés en 1983 dans un café de Varsovie. Le courant passe instantanément entre les deux hommes, qui se comprennent à demi mots. Preisner lit les premières pages de Sans Fin et une petite musique se profile déjà dans sa tête. Il ne parlait jamais de l’aspect technique de la musique avec Kieslowski, entre eux deux il était juste question d’atmosphère et de sentiments. Entre eux deux se trouvait aussi Van Den Budenmayer, compositeur du XVIIIe siècle inventé par les deux hommes, tous les deux amoureux de la Hollande et de la musique romantique. En ce qui concerne la trilogie Trois couleurs, la musique a été écrite avant le tournage et ensuite rajoutée à la toute fin du montage. Cette musique, tout comme les trois films, est donc bien précise et organisée. Les scènes ont été conçues à partir des partitions de Preisner, la musique donnant le ton et rythme des films.

LIBERTE, EGALITE, MUSIQUE

Dans Bleu, la musique est comme le troisième personnage principal du film. Dès qu’elle apparaît dans le film, c’est comme une respiration, une suspension dans la narration pour mettre l’accent sur ce qui vient de se passer; elle est liée au destin de Julie. Le Concerto pour l’Unification de l’Europe a été composé pendant la guerre en Yougoslavie et on retrouve la solennité et les accents tragiques dans les notes, ceci étant encore plus intensifié quand les voix du chœur s’élèvent. La musique se fait plus discrète dans Blanc, où elle souligne le mystère et l’ironie de ce conte cruel. La flûte - présente lorsque le personnage de Karol pense à sa femme - fait place aux notes slaves du violon - légères et entraînantes, elles sont synonymes de l’espoir et du futur. Une fois de plus, la partition colle parfaitement aux personnages et aux situations, ne faisant qu’amplifier ce qui se passe sur l’écran. Pour Rouge, Van den Budenmayer, déjà présent dans Bleu, refait son apparition, le chœur apporte une touche de légèreté quasi céleste, la musique est intime, les violons sont doux et tristes et prennent un air tragique pendant l’épisode de la dénonciation du juge par lui-même. Des accents raveliens se font également entendre à plusieurs reprises. Cette musique est si indissociable des films qu’à son écoute, c’est comme revoir le film une seconde fois. Les deux sont si étroitement pensés l’un en fonction de l’autre que sans la musique de Preisner, les films du regretté Kieslowski n’aurait pas atteint une telle intensité.

par Carine Filloux

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