Stanley Kubrick, l'exposition

Stanley Kubrick, l'exposition

Événement à la Cinémathèque française: du 23 mars au 31 juillet se déroule l'exposition consacrée à Stanley Kubrick. Immersion dans l'univers d'un cinéaste dont l'aura culte n'a jamais faibli, 12 ans après sa disparition.

  • Stanley Kubrick, l'exposition
  • Stanley Kubrick, l'exposition

"Au cours des 43 années durant lesquelles nous avons été mariés, nous n’avons jamais évoqué ce que nous ferions des effets personnels si l’un de nous venait à disparaître. (…) La suggestion du Deutsches Filmmuseum de monter une exposition qui, après Francfort et Berlin, voyagerait dans le monde entier, a été l’occasion de m’atteler à cette tâche et de rendre hommage à Stanley par la même occasion. L’objectif était de sélectionner les éléments qui mettaient le mieux en valeur l’implication de Stanley dans tous les aspects de la réalisation d’un film." (Christiane Kubrick)

Créée en 2004, cette exposition a sillonné le monde, de Berlin à Zurich, Rome et Melbourne, avant d'arriver à Paris, à la Cinémathèque. Le fonds du Stanley Kubrick Archive a rendu possible ce rassemblement d'archives rares et précieuses, ses scénarios, ses correspondances, documents de recherche, photographies de tournage, costumes ou encore accessoires. Chaque pièce est consacrée à un film du cinéaste comme autant de plongées dans les genres très différents qu'il a abordés pour en faire, en quelque sorte, le film définitif. On assiste alors, pour le plus grand bonheur du fan fétichiste, à un grand et riche déroulé, de son travail photographique à son testament Eyes Wide Shut, tout en effectuant également un détour par les oeuvres qu'il a abandonnées (Napoléon faute de moyens suffisants, Aryan Papers grillé par la sortie de La Liste de Schindler, et A.I., "légué" à Steven Spielberg). L'invisible, encore, lorsque l'exposition fait revivre, le temps de quelques photos, la scène coupée des tartes à la crème dans Dr Folamour, et l'oublié, quelques critiques d'époque et ressorties dont celles, pas tendres, du Monde, de Télérama ou encore un papier signé Henry Chapier sur Lolita. Éléments plus évidents, les costumes de Spartacus, ceux de Barry Lyndon, un singe de 2001, l'odyssée de l'espace. Et les réseaux souterrains, les jumelles empruntées à Diane Arbus dans Shining, l'influence picturale, dans le même film, du Sommeil de la raison engendre des monstres de Goya. Des installations évoquent également l'univers de Lolita, ou citent directement un décor comme les statues de Orange mécanique, la machine à écrire et le labyrinthe de Shining.

Outre certains détails anecdotiques et amusants (le placement produits dans 2001, l'odyssée de l'espace, les lettres de protestation reçues à la suite de Orange mécanique - dont l'une regrette le trop-plein de violence mais aussi le manque de sexe), l'exposition Kubrick se fait aussi l'expo de l'évolution de la technologie au cinéma, pour un réalisateur qui a beaucoup inventé et repoussé les limites. On explore les terres vierges de 2001; l'éclairage à la bougie qui était aussi l'échec de son Napoléon est devenu possible sur Barry Lyndon; le cinéaste a préféré attendre longtemps que les effets soient à la hauteur pour A.I.; et l'on expose, enfin, tout les objectifs qui ont servi à Kubrick. Rien n'est laissé au hasard. Surtout pas la musique, dont l'utilisation est décortiquée de façon passionnante dans un documentaire diffusé en fin de parcours. Quelques frustrations parfois, le sentiment de passer un peu vite sur un film ou un autre, ou que l'illustration-musée prend parfois le pas sur la réflexion, sur la cohésion de l'ensemble des éléments présentés, d'un regard sur l'œuvre du cinéaste. L'exposition Stanley Kubrick est une belle expérience malgré tout, prolongée par une rétrospective de ses films, des conférences et rencontres. Pour en savoir plus, cliquez ici!

par Nicolas Bardot

Commentaires

Partenaires