Bride and prejudice

Bride and prejudice

Projet original et atypique mélangeant Bollywood et comédies musicales américaines, Coup de foudre à Bollywood propose une bande originale qui, malgré son côté fort sympathique, reste un poil en deçà des attentes qu’avait laissé présager le projet.

"YOU’LL MAKE ALLUGOBI AND HE’LL MAKE THE MONEY"

L’idée de base était alléchante: les deux genres de cinéma musical les plus prolixes au monde rassemblés en une seule œuvre adaptée librement d’un célèbre roman anglais. La bande originale, composée par Anu Malik - le grand compositeur bollywoodien de chansons pop qui domine le genre avec plus de 120 films à son actif au cours de la dernière décennie – et supervisée par Craig Pruess (déjà aux commandes de Joue-la comme Beckham) s’annonçait donc comme un joyeux mélange de musiques bollywood et occidentales tendance paillettes et eau de rose britannique, un ensemble prometteur. Pourtant, si les voilages rouges-rosés aux galons dorés côtoient bel et bien les mousselines bleutées et les tailleurs pied-de-poule, les étoffes restent de petite facture. Comme encombré par les deux styles à combiner, Malik n’atteint jamais la qualité de ses ouvrages précédents ni les idées remarquables de Kender et Ebb ou Cole Porter, qui étaient pourtant cités comme éléments de référence. Cependant, une fois cette constatation faite, la légère déception s’estompe vite pour se laisser emporter par les paroles et le kitsch de l’ensemble. Le seul regret qui persiste étant la très courte durée de l’album: moins de 50 minutes, réparties sur seulement onze chansons, certaines séquences chantées du film n’ayant pas été reportées sur le disque comme par exemple le gospel sur la plage de Malibu.

"HO YEAH YEAH YEAH, HO YEAH YEAH YEAH"

Dans le registre chansons bollywoodiennes, c’est le titre d’ouverture Punjabi Wedding Song, proposant une construction typique de Bhangra (incontournable élément d’une cérémonie de mariage, opposant les filles et les garçons encore célibataires), qui remporte la palme. A ses côtés, A Marriage Has Come to Town, qui se montre parfois un peu fouillis au niveau de la production, malgré une mélodie fort sympathique (et que l’on retrouve en fin de disque l’espace de deux petites minutes, accompagnée de grandes envolées de violons très occidentales), et Dola Dola, quelque peu répétitif mais suffisamment court pour ne pas tomber dans le trop plein et l’ennuyeux. Au rayon des références aux comédies musicales américaines, le highlight de l’album comme du film: No Life Without Wife, interprété par les quatre filles de la famille. Paroles amusantes et rythmique enjouée, il se termine par un instant de rêverie mélancolique qui collerait parfaitement aux séquences bleues oniriques de Vincente Minnelli. Autres éléments volontairement voulu occidentaux, les deux morceaux R'n'B de Ashanti, My Lips are Waiting (A.K.A. Goa groove) et Touch my Body, la séquence de la chanteuse tenant la place dans le film de l’habituel solo féminin sexy des œuvres bollywoodiennes, destiné à représenter les pulsions du personnage principal masculin.

On retiendra également le thème du film Take me to Love, que l’on retrouve sur cette bande originale dans trois versions différentes. La première (Part One), à la tonalité très mélo occidental conférée par la voix douce et quasi étouffée de Aishwarya Rai, se voit complétée de guitares acoustiques orientales. La deuxième (Part Two), bien plus longue et plus rythmée, assortie de percussions, se trouve entrecoupée de séquences de violons qui rappellent les valses de Fred Astaire et Ginger Rogers. Enfin, la troisième version, intitulée Lalita Walks Away, est elle exclusivement instrumentale. Alternant les ambiances et tonalités des deux précédentes, elle est accompagnée d’une boîte à rythmes électronique qui lui confère une atmosphère très pop. Autre morceau mélangeant les différents styles, le duo Arrongance, Pride and Vanity, qui retrouve les violons et les voix langoureuses de Take me to Love et ménage en sa minute centrale une séquence de percussions rythmées. Si tout l’ensemble apparaît souvent comme en deçà de ce qui se fait de mieux dans les différents genres abordés, il reste très cohérent et très agréable à écouter en se remémorant les scènes les plus remarquables du film.

par Julie Anterrieu

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