24 heures chrono - saison 4
Qui dit nouvelle saison de la désormais célèbre série 24 heures chrono, dit nouvelles intrigues, nouveaux enjeux, nouveaux personnages, nouveaux méchants et nouvel espoir de jackpot télévisuel. Et si, pour cette quatrième année, les enjeux ne correspondaient pas forcément à ceux que l’on croyait? Et si, pour relancer la série, les créateurs lui avaient trouvé une toute autre destinée, moins évidente qu’elle n’y paraît? 24 heures chrono saison 4 va au-delà des apparences et choisit de tourner la page. Bienvenue dans la nouvelle journée d’enfer de Jack Bauer.
THIS IS THE FIRST DAY OF MY LAST DAYS
Petit retour en arrière. Un an auparavant, nous avions laissé notre agent du CTU préféré exténué, monstrueusement éreinté, en proie à d’innombrables démons, suite à une journée des plus délicates. On se souvient qu’il avait dû faire face à des choix cornéliens et que les décisions prises (soit par lui, soit par une autorité supérieure) l’avaient laissé sur les rotules, physiquement et mentalement. Souvenez-vous de cette image choc: Jack pleure dans sa voiture de service et craque nerveusement derrière le volant, mais un coup de fil de son unité lui fait reprendre le dessus. Car Jack a beau être le meilleur agent de sa section, il n’en reste pas moins un homme avec des obligations, sommé d’obéir aux ordres pour le bien de sa patrie, même si la morale voudrait l’en empêcher (son supérieur Ryan Chappelle en a fait les frais). Cet homme de terrain à l’efficacité redoutable, on le connaît. Depuis trois années bien remplies, le fameux Jack Bauer accepte sans broncher des missions de sauvetage qui s’apparentent à des actions suicides, avec son cortège de macchabées sur le bitume et de cadavres dans le placard. Pour redonner un sens à sa vie, Jack a donc, depuis la fin de la troisième saison, quitté la cellule anti-terroriste de Los Angeles (la nouvelle responsable du CTU, Erin Driscoll, l’y a certes un peu poussé). Il est désormais chargé de la sécurité du secrétaire à la défense, James Heller. Jack ayant fait le vide dans sa tête, c’est au tour de la série de faire un peu le ménage.
Exit Kim et Chase partis vivre en amoureux dans un havre de paix. Exit aussi le président Palmer qui s’était retiré des dernières élections après les nombreux dilemmes imposés par son ex-femme et le terroriste Stephen Saunders. Exit enfin les partenaires de chocs Tony et Michelle, le premier ayant été désavoué pour avoir sauvé la seconde, qui a depuis démissionné. Même si d’anciens personnages auront droit à un retour fulgurant, c’est l’occasion de faire graviter de nouvelles têtes autour de Jack et de Chloé (le génie informatique, le seul personnage ayant pu garder sa place au sein du CTU). Voici donc les nouveaux venus de la quatrième saison: le secrétaire Heller et sa fille, qui est aussi son assistante, Audrey et Erin Driscoll, promue à la tête de la cellule anti-terroriste. Mais que serait l’agent Bauer sans sa Némésis, qui lui donne tant de fils à retordre, à mesure que l’enquête avance? Rien. Pour qu’un tel héros existe, il fallait bien lui envoyer dans les pattes quelqu’un capable de lui tirer dans les genoux. Un être sans aucune morale, prêt à tout pour revendiquer sa cause. On constate que les scénaristes n’y sont pas allés de main morte pour créer ce nouveau leader du mal. Habib Marwan n’est ni plus ni moins que le Jack Bauer du terrorisme. L’alter ego maléfique de notre héros. Un as de la quête forcenée, qui ne recule devant aucun obstacle pour faire aboutir son entreprise de destruction massive. Un roi machiavélique de la manipulation, entouré de sbires très efficaces et interprété par un Arnold Vosloo des plus démoniaques. Sans doute le meilleur méchant, toutes saisons confondues.
VERSUS EVOLUTION
D’année en année, nous avons pu voir Jack sauver des enjeux de plus en plus importants. Après avoir déjoué les plans diaboliques visant à détruire un homme puis une ville et avant de libérer une nation, il aura affaire à un enjeu à la fois plus colossal et plus modeste. En effet, l’agent Bauer devra non seulement sauver le monde, mais aussi, de façon plus dérisoire et plus dramatique, sa propre vie. Depuis le début de la série, Jack a vu disparaître et s’effacer tout ce qui faisait de lui un homme à part entière. Sa femme a été tuée, sa fille est sortie de sa vie. Son travail et ses obligations patriotiques lui ont fait perdre, peu à peu, pied avec la réalité. Jack n’était plus que le bras droit d’une nation, un pion au service du gouvernement, où les sentiments sont prohibés et où les relations humaines en pâtissent systématiquement. Mais notre héros favori a refait sa vie et même quitté son travail pour tenter un nouveau départ. Jack est tombé amoureux de la fille de James Heller, Audrey, qui lui redonne enfin le sourire. Il s'est éloigné de cette ville si dangereuse qu’est Los Angeles et mène désormais une existence presque paisible. De nouvelles menaces viennent hélas, une fois de plus, tout chambouler. Et comme à l’accoutumée, ces menaces prendront de plus en plus d’ampleur, au fil de l’histoire. Sans révéler la teneur des dangers et des intrigues, on peut préciser que ces menaces touchent au plus haut point le gouvernement, le pays tout entier et que les motivations de l’ennemi pourraient trouver un écho plus qu’intéressant dans l’actualité. Les scénaristes n’ont pas essayé de reproduire les conflits réels de leur pays, ils se sont simplement servis de plusieurs faits politiques pour enrichir la saga.
TROMPE LE MONDE
Plus que jamais, cette quatrième saison se place sous le signe du bilan. Un bilan qui concerne plusieurs axes. Si ce nouveau compte à rebours n’est sans doute pas le meilleur, il s’agit du plus réfléchi. Cette saison est l’occasion pour les auteurs de poser une véritable réflexion sur le patriotisme, le sens du devoir et le sacrifice, au moment où les Etats-Unis s’embourbent dans un conflit sans fin en Irak et dont les motifs peuvent laisser plus d’un dubitatif. Le plus grand tour de force de l’année est donc de poser, au niveau de l’écriture, de nombreux et passionnants dilemmes. Après tout, ne dit-on pas: "Chassez le naturel, il revient au galop"? Car c’est exactement de ça dont il s’agit. Jack a beau vouloir tourner la page, dans sa vie professionnelle comme dans sa vie sentimentale, nous autres spectateurs, savons clairement qu’il ne pourra pas s’en tirer aussi facilement. Et les auteurs de s’en donner à cœur joie pour accroître les tensions, s’arrêter sur des séquences intimistes touchantes, multiplier les scènes explosives et percutantes (qui frisent parfois le ridicule, comme lors de la scène d’état de siège). La pression est palpable. La vie de ce cher Jack est un fragile château de cartes, toujours mis en branle. Sur l’horloge, le dernier tour du cadran montre la trajectoire d’un homme entre la vie et la mort, un destin sur le point de basculer.
LA CHUTE
Rarement les limites entre les services rendus à la nation et l'acte criminel n'avaient été aussi ténus. Jack est confronté à des choix destructeurs pour son territoire et sa vie personnelle. Jack a perdu ses amis et a vu des choses horribles. Mais jamais dans aucune des trois saisons précédentes, il n'avait été amené à se comporter comme un agent secret – un barbouze -, aussi radical. Dans cette quatrième journée, Jack s'autodétruit. Il se ferme toutes les portes et renonce à son individualité ainsi qu’à celle des autres pour accomplir son devoir. Jack Bauer est un héros républicain (au sens américain du terme), capable de nier sa propre existence et celle des autres, pour le bien de la patrie. Plus il avance, plus il se perd et tourne le dos à l'homme qu'il était au petit matin. La quatrième journée, c'est la fin de Jack Bauer tel qu'on l'a connu. Le bras armé de la démocratie américaine est traité comme un malvenu, un paria, parce qu'il est devenu encombrant malgré toute sa détermination et son engagement sous couverture. Mais d’un point de vue légal et responsable face à l’opinion publique et face aux différents gouvernements impliqués, l’agent Jack Bauer se doit de disparaître car il dérange. Ainsi, au cours de l’ultime épisode, nous allons découvrir le sort réservé à celui qui aura tout fait pour sa patrie, pour ses proches et pour sa vie. Et ce n’est pas peu dire que la surprise est énorme, mais presque évidente et nécessaire. Jack a tout perdu: sa vie, sa patrie, son amour, ses amis, son job et même son identité. Ce dernier épisode termine un cycle et en promet un nouveau. Welcome to day five!
