24 heures chrono - saison 3

Depuis désormais trois années, l’agent Jack Bauer, au service de la CAT (Cellule Anti-Terroriste), nous entraîne dans ses missions suicide aux cotés d’autres personnages tout aussi intéressants, pour le besoin d’une série qui arrive à tenir toutes ses promesses au fur et à mesure des années. Pour sa troisième saison, 24 heures chrono, tient la dragée haute aux années précédentes, même si le début de saison est un peu laborieux. Pour la plupart des gens, cette troisième saison possède les plus mauvais épisodes mais aussi les meilleurs depuis la création de la série. On vous éclaire un peu plus?
AU COMMENCEMENT…
24 heures chrono tient avant tout du concept. Une saison de série normale se déclinant sur 24 épisodes, on se demande encore comment personne n’avait, avant Joel Surnow et Robert Cochran, su se reposer sur une telle idée. 24 épisodes tournant autour d’une crise terroriste qui fut, dans un premier temps, basée sur une tentative d’assassinat d’un candidat à l’élection présidentielle (première saison), puis à une menace d’explosion de bombe nucléaire sur Los Angeles (deuxième saison). 24 épisodes utilisant le temps réel comme moteur principal, déclinant ainsi à l’image une journée complète. 24 épisodes, soit presque autant de façons de mourir pour ses nombreux interprètes, qui risquent leur vie à tout instant afin de faire gagner la partie à leur camp. 24 rebondissements perpétuels en fin d’épisode pour faire accrocher le spectateur à une série au rythme fulgurant, tant les histoires internes et externes se multiplient au fur et à mesure des épisodes. 24 épisodes de tension pure où les scénaristes utilisent parfois d’énormes ficelles pour faire avancer l’histoire, mais savent tout autant trouver "L’idée" qui démarque cette série de toutes les autres fictions policières. 24 épisodes de la vie d’un groupe d’agents prêt à tout pour sauver l’humanité, face à leurs destins d’homme et de responsable d’autrui. 24 heures chrono ou la nouvelle ère des séries fonçant à 100km/h pour un spectateur désormais rodé au fonctionnement rapide, aux histoires multiples dans des découpages en split screen et aux personnages forts et ambigus. En quelques mots, 24 heures chrono est depuis trois ans le renouveau de la série policière!
RISQUE MAXIMUM
Alors qu’il a réussi à empêcher le meurtre du premier candidat noir ayant de sérieuses chances de pouvoir accéder à la présidence américaine et qu’il a su mettre sous les verrous (ou dans des body bags, c’est selon) de dangereux terroristes qui menaçaient d’une bombe nucléaire la ville de Los Angeles, l’agent Jack Bauer doit cette année faire face à une menace de virus (forcément le pire de tous) décimant tout sur son passage. À l’annonce de cet enjeu annuel, nous étions en droit de se demander sous quelle forme allait se décliner ce germe. Car à la fin de la seconde saison, dans l’épilogue de l’ultime épisode, nous laissions le président Palmer aux abois, la faute à une sorte d’attentat de dernière minute qui le laissa dans un piteux état. Le virus fait donc sa réapparition trois ans plus tard (l’action de cette troisième saison se passe à la veille des nouvelles élections présidentielles) mais se retrouve combiné, à un moment X de la saison, à un virus informatique créant bien évidemment de nombreux problèmes au sein de la CAT. Hasard de plusieurs menaces ou belle manipulation visant à toujours plus brouiller les pistes, cette année sera en tout cas accompagnée d’un pitch de départ aussi efficace que celui des saisons précédentes. Évidemment, comme lors des intrigues antérieures, de nombreux éléments extérieurs viennent rajouter quelques bâtons dans les roues de notre cher Jack ainsi que dans celles de ses partenaires de jeu. Même si, au final, certaines astuces scénaristiques, promptes à toujours laisser le spectateur haletant, se révèlent parfois clairement très intelligentes, d’autres subterfuges de pacotille débarquent au hasard, laissant comme un goût amer devant certaines idées proches du risible.
INTRODUCING
Afin d’épauler le héros Jack Bauer dans ses missions à haut risque, les scénaristes ont su l’entourer d’une équipe haute en couleurs et forte en caractères. Et, presque évidemment, si quelques seconds rôles se contentent uniquement d’interagir légèrement, voire pas du tout (souvenez vous de Kim, véritable chat noir inintéressant de la seconde saison), la plupart des partenaires possèdent leur importance. De Tony Almeida à Michelle Dessler, de Ryan Chapelle à David Palmer ou encore de Nina Myers à Sherry Palmer et bien d’autres encore, chaque personnage à su apporter sa pièce aux différents puzzles et agrémenter chaque histoire d’une sous-intrigue rigoureuse. Pour cette nouvelle saison, Jack et ses camarades répondent encore présent à l’appel des créateurs et se retrouvent en plus accompagnés de cinq nouveaux personnages principaux. Du côté des "gentils", nous devons désormais compter sur Chloe O'Brian (Mary Lynn Rajskub), informaticienne de talent au caractère boudeur et susceptible, qui prend ici la place interchangeable du petit génie des ordinateurs et des communications. Vient aussi le nouveau "suspect" interne de la CAT: Gael Ortega (Jesse Borrego) et le rebondissement qui l’accompagne. Et enfin, on peut surtout noter l’arrivée de Chase Edmunds, nouveau coéquipier de Jack, et accessoirement petit ami secret de Kim, qui se retrouve elle aussi employée à la CAT histoire que les scénaristes puissent l’utiliser à meilleur escient. En seulement quelques scènes, le caractère profond de Chase est bien défini et l’on s’aperçoit tout de suite que l’on n’a pas affaire à un vulgaire protagoniste prêt à disparaître au détour d’une quelconque balle perdue pour faire avancer l’histoire. Non, Chase Edmunds est un personnage attachant et fort en gueule, sorte de petit chien fou presque héritier du grand Jack, malgré un côté moins impulsif que son aîné, à qui les scénaristes ont réservé plus d’une scène forte.
Outre les "petits méchants" qu’il est nécessaire de croiser tout au long de l’intrigue et de faire rencontrer aux différents protagonistes, 24 heures chrono ne serait pas la série qu’elle est devenue sans les grands manitous du mal de chaque saison. Évidemment, un héros ne serait pas celui qu’il est s’il ne possédait pas un ennemi aussi fort voire plus puissant que lui. Comme on en a pris l’habitude depuis le début de la série, le grand méchant ne sera pas forcément celui que l’on pense mais se révélera nécessairement lors d’un moment critique. Alors l'on assiste ici à l’arrivée de trafiquants de drogue voulant détenir un pouvoir encore plus puissant que celui qu’ils possèdent déjà et le comédien Joaquim de Almeida d’interpréter Ramon Salazar, chef dudit cartel et grand méchant de la première partie de saison. Et comme d’habitude, un évident retournement de situation va venir annoncer l’ultime bad guy: Stephen Saunders (Paul Blackthorne), un ancien partenaire de guerre de Jack. Pas forcément aussi convaincant dans ses motivations que les grands méchants des saisons précédentes, Saunders possède cependant un sens inné de la manipulation et de la dictature ainsi qu’un sens affûté de brouilleur de pistes qui laissera Jack, Chase, leurs coéquipiers et tout autant le président Palmer devant des choix pas forcément faciles. Mais si le personnage de Saunders a tant d'effet sur le spectateur, c’est aussi grâce au talent d’interprétation de l’acteur. En effet Paul Blackthorne possède, physiquement et dans son interprétation, ce petit quelque chose caractérisant bien les motivations de son personnage. Et ce n’est certainement pas ses yeux d’un noir profond ou son sourire machiavélique qui démentiront ses propos.
12X2
Après la formidable tension que les scénaristes et les réalisateurs de la série avaient réussi à nous offrir pendant la première, mais surtout la seconde saison, nous autres spectateurs assidus étions en droit de nous poser une question essentielle quant au devenir de la série. Allions-nous passer cette nouvelle année sous une pression à l’identique? Serions-nous encore plus captivés par les exploits des enquêteurs? Ou assisterions-nous à une fatigue certaine d’une équipe d’auteurs ayant peut-être fait le tour du sujet? Force est de constater que ces interrogations seront toutes posées lorsque, au fur et à mesure, les épisodes défileront sous nos yeux. Car même si la violence est toujours aussi présente et que les cliffhangers sont encore, pour la plupart, efficaces, un certain effet de redondance autour de certains personnages et des effets "chocs" de la trame se fait clairement ressentir. De plus, le canevas de départ de la série, c’est-à-dire une histoire en temps réelle, bat sérieusement de l’aile. En effet, si l’on veut croire que toutes ces mini aventures se passent en 24 heures, il faut alors considérer que Los Angeles est une bourgade dont on peut faire le tour en dix minutes et que le moindre coup de fil d’appel d’urgence fait venir les secours plus rapidement qu’un service de livraison de pizzas à domicile. Certaines idées sentent même le réchauffé, comme par exemple faire revenir une énième fois Nina Myers, le personnage traître de la première saison, déjà réapparu dans la seconde, ou encore l’horripilante mais essentielle Sherry Palmer dont on pensait être débarrassé.
A cela il faut ajouter tout un tas de faux rebondissements clairement inutiles autour des personnages secondaires, uniquement présents pour faire évoluer leur background. Mais c’est sans compter sur le génie des auteurs qui, au fur et à mesure de l’avancée hasardeuse de leur série, voyant clairement leur idée maîtresse s’embourber, décident à la moitié du parcours de passer à la vitesse supérieure en exécutant ce qui est, pour beaucoup, la meilleure deuxième moitié du script depuis sa création. Tout s’accélère, la pitié n’a désormais plus sa place, la violence passe un cran au-dessus, le complot prend enfin une forme claire et nette et chaque personnage voit enfin son histoire s’appuyer sur des éléments tangibles et parfois tragiques mais clairement essentiels. Car avec les idées amenées ici, il faut réfléchir aussi au devenir de la série, et penser que la quatrième saison doit faire peau neuve pour mieux repartir sur la route du succès. Au final, le spectateur aura bien du mal à souffler tant le chaos parfaitement alambiqué aura eu raison de lui lors des douze dernières heures. Et même si ces 24 heures auront connu un rythme en dents-de-scie, on ne pourra en aucun cas affirmer que la conclusion ne donne pas clairement envie de découvrir au plus vite les nouvelles aventures de l’agent Jack Bauer.