Vinyan
France, 2008
De Fabrice du Welz
Scénario : Fabrice du Welz
Avec : Emmanuelle Béart, Rufus Sewell
Photo : Benoît Debie
Durée : 1h40
Sortie : 01/10/2008
Incapables d'accepter la perte de leur fils dans le Tsunami de 2004, Jeanne et Paul sont restés vivre en Thaïlande. S'accrochant désespérément au fait que son corps n'a pas été retrouvé, Jeanne s'est persuadée que son enfant a été kidnappé, dans le chaos qui suivit la catastrophe... qu'il est encore vivant. Paul est sceptique, mais ne peut pas briser le dernier espoir de sa femme. Le couple va alors embarquer dans une quête qui les plongera au fin fond de la jungle tropicale, au sein d'un royaume surnaturel où les morts ne sont jamais vraiment morts...
L'examen de passage que constitue un premier long-métrage cache toujours pour un réalisateur l'épreuve ô combien plus dangereuse du second film. Attendus au tournant, d'autant plus en cas de réussite (et c'est le cas du premier film de Fabrice du Welz, l'impressionnant Calvaire), certains parviennent à transformer l'essai, tantôt commercialement (Le Huitième jour de Jaco Van Dormael) tantôt qualitativement (Une aventure de Xavier Giannoli). Vinyan, qui ne laissera sans doute personne insensible tant le talent du réalisateur reste indéniable, se situe pourtant entre ces deux extrêmes : jamais foncièrement raté, le métrage se dilue peu à peu, à fur et à mesure qu'il avance, oscillant entre fulgurances, certaines scènes figurant parmi les plus belles vues cette année, et ennui. Le calvaire de ce couple, et plus particulièrement de cette femme jouée par Emmanuelle Béart, qu'on prend plaisir à retrouver dans une de ses meilleures performances depuis des années, recèle de purs instants de terreur, et parvient à instiller un véritable doute quant à la santé mentale des personnages. De même, la mise en scène, assez proche de celle d'un Friedkin période Convoi de la peur, parvient à restituer fidèlement tout le glauque de la situation, et l'ambiance putride des lieux visités. Pourtant, cette variation sur le thème des Révoltés de l’an 2000, que Du Welz a longtemps souhaité remaker, tombe dans les mêmes pièges que son modèle : à trop vouloir suivre ce couple jusqu’aux confins de la folie, sans forcément les opposer à une menace concrète, le film finit par ennuyer et faire du sur place. Alors, ratage ? Nullement. Car Du Welz semble faire partie, dés son deuxième film, de cette espèce rare de cinéastes qui, lorsqu’ils « ratent » un film, parviennent malgré tout à livrer un œuvre très nettement supérieure à la moyenne. A ce niveau, on attend avec impatience un troisième long-métrage !