Un jour de chance
Chispa de la vida (La)
Espagne, 2012
De Alex De La Iglesia
Scénario : Randy Feldman
Avec : Salma Hayek, José Mota
Photo : Kiko de la Rica
Musique : Joan Valent
Durée : 1h35
Sortie : 12/12/2012
Ancien publicitaire à succès désormais sans emploi, Roberto ne supporte plus d'être au chômage. Désespéré, il veut faire une surprise à sa femme en l'invitant dans l'hôtel qui fut le théâtre de leur lune de miel. Mais l'établissement a laissé place à un musée, sur le point d'être inauguré et présenté à de nombreux journalistes. Au cours de sa visite, Roberto fait une grave chute... En quelques minutes il devient l'attraction numéro 1 des médias présents et comprend que cet accident pourrait finalement lui être très profitable...
SUPERSTAR
On aurait pu le croire lessivé, rincé après son chef d'œuvre Balada triste, mais non, le papa d'Action mutante a toujours la rage et le prouve avec cette petite réalisation récréative qui n'oublie pas d'être profondément humaine, empathique et juste. Et c'est tant mieux car Alex de la Iglesia on l'aime, on l'adore (allez osons même à dire qu'on l'idolâtre) pour sa cruauté comique, son cynisme et son humour noir. Et l'on peut dire que dans ce Un jour de chance, il déploie une nouvelle fois toute la force de son ironie au service d'une histoire beaucoup plus puissante et poignante qu'elle ne le suggère sur le papier.
Iglesia nous conte l'histoire de cet anonyme, crucifié sur l'autel des médias et qui devient star malgré lui, avec en filigrane la fameuse citation d'Andy Warhol ("Dans le futur, chacun aura droit à 15 minutes de célébrité mondiale") dont le film se fait la parfaite illustration mercantile. En effet, le réalisateur s'empare du phénomène de médiatisation/starification instantané avec un œil aussi aiguisé que conscient pour en sortir une œuvre reflétant le diktat de l'argent dans un pays en crise. Iglesia tire dans le tas et fait mouche à chaque coup. Médias mange merde, perfides de la com' et autre politiques cupides en prennent pour leur grade dans ce théâtre antique où le réalisateur de 800 balles fait renaître de leurs cendres les jeux du cirque avec leur quête du sensationnel et de l'image choc. Bien plus habile, subtil et surtout moins tape à l'œil que le Diary of the dead de Romero, Un jour de chance glisse progressivement de la comédie vers le drame avec une maîtrise hallucinante, emballe son audience comme personne, et il y a fort à parier que l'image poignante de Roberto vous hantera longtemps après la sortie de la salle.