La très très grande entreprise
France, 2008
De Pierre Jolivet
Scénario : Pierre Jolivet
Avec : Marie Gillain, Jean-Paul Rouve, Roschdy Zem
Durée : 1h45
Sortie : 05/11/2008
D'un côté, Naterris, très très grande multinationale d'agro-chimie, 9 milliards d'euros de chiffre d'affaires. De l'autre, Zaccharias, Mélanie, Denis et Kevin, ostréiculteur, aide-comptable, restaurateur, ouvrier... Des gens normaux, quoi. Au milieu, un étang pollué par Naterris, dont nos gens normaux sont riverains. Après deux ans d'une âpre procédure, Naterris est condamnée à leur verser une indemnité ridicule, à eux qui ont tout perdu. A l'inverse des autres plaignants prêts à accepter ce maigre pourboire, ces quatre-là décident de faire appel pour que justice leur soit " vraiment " rendue. Mais pour faire appel, ils n'ont que trente jours et doivent impérativement découvrir un élément nouveau au siège de Naterris, dont l'imposant gratte-ciel domine le parvis de la Défense. Mélanie, Zaccharias, Kevin et Denis décident donc de monter à Paris. Leur mission n'est pas impossible mais s'annonce... très, très difficile !
Fragilisé par les échecs successifs du Frère du guerrier, Filles uniques, et Zim & co, encouragé par le succès surprise de Je crois que je l’aime, l’inégal Pierre Jolivet, dont le talent n’est plus à prouver, revient aujourd’hui avec une pseudo suite à son plus grand succès. Un thème proche (la défense des petits face aux grandes entreprises), un esprit similaire (comédie douce amère avec discours social), une réussite partielle comme son modèle. A l’image de Ma petite entreprise, La Très très grande entreprise ne parvient pas toujours à se figer dans un genre, et perd ainsi une part de cohérence et de charge. Tour à tour comique, dramatique, politique, le film enchaîne les scènes certes bien souvent réussies (notamment en raison d’acteurs impeccables pour la plupart d’entre eux) mais d’une manière bien peu homogène. Autre problème, là où son prédécesseur parvenait à imposer un discours léger mais pertinent, ce nouveau film échoue en raison de trop grosses ambitions, un peu à l’image de ces personnages qui s’attaquent à une montagne bien trop grosse pour eux. Il demeure néanmoins un film agréable, dont les quelques gags font mouche, et les dialogues savoureux (mention spécial au « le piratage, c’est du vol ! ») parviennent à faire rire. Finalement, constance chez le cinéaste, ce qui le sauve reste ce rythme soulevé, rapide, poussé par une partition jazzy, qui rapproche parfois le film du polar. Une réussite certes totalement mineure, mais très loin d’être désagréable en dépit des nombreux et persistants défauts.