Trance
Royaume-Uni, 2013
De Danny Boyle
Scénario : Joe Ahearne, John Hodge
Avec : Vincent Cassel, Rosario Dawson, James McAvoy
Photo : Anthony Dod Mantle
Musique : Rick Smith
Durée : 1h35
Sortie : 08/05/2013
Commissaire-priseur expert dans les œuvres d’art, Simon se fait le complice du gang de Franck pour voler un tableau d’une valeur de plusieurs millions de dollars. Dans le feu de l’action, Simon reçoit un violent coup sur la tête. À son réveil, il n’a plus aucun souvenir de l’endroit où il a caché le tableau. Ni les menaces ni la torture ne lui feront retrouver la mémoire. Franck engage alors une spécialiste de l’hypnose pour tenter de découvrir la réponse dans les méandres de l’esprit de Simon…
BORN SLEEPY
Imprévisible Danny Boyle. Après son excursion "Oscar" avec deux films écrits par Simon Beaufoy (Slumdog Millionnaire et 127 heures), le cinéaste nous revient avec un nouveau virage dans sa carrière relativement prolifique et variée. En effet, Trance, remake d'un téléfilm méconnu, est traversé de plusieurs genres et c'est au croisement de ces diverses directions que le film trouve son originalité et son efficacité. Durant tout le premier acte, on se laisse agréablement porter par le récit, qui passe du film de voleur à quelque chose de plus tordu, et le tout de manière assez ludique, tant dans la forme (la manière dont la narration face caméra est montée en parallèle avec le vol durant la première scène, par exemple) que dans le fond (tout ce qui touche à l'hypnose), les deux culminant lors d'une scène de souvenir/reconstitution où la frontière entre réalité et psyché se trouble, à l'écrit comme à l'écran. L'art a cette capacité à pouvoir illustrer l'inconscient, et à l'instar des œuvres de Goya omniprésentes dans le récit, le film de Boyle se fait un malin plaisir d'explorer la mémoire et le surmoi de son personnage, tantôt de façon fun et tantôt de manière plus forte, comme dans la scène sus-mentionnée.
Ce qu'il y a de particulièrement réjouissant dans cette entrée en matière, c'est que le film ne cesse de surprendre. Dès que l'on pense avoir une longueur d'avance sur le déroulement des événements, le scénario se permet une petite entorse. Les révélations et retournements semblent intervenir très tôt et avant même que l'on soit entré de plein fouet dans ce que le pitch promet. Cette simili-fausse piste est évidemment due au fait que l'histoire que souhaite raconter le film réside ailleurs. Danny Boyle retrouve John Hodge, scénariste de ses quatre premiers films, et ses amours premières, avec un thriller articulé autour d'un trio de personnages qui n'est pas sans rappeler Petits meurtres entre amis, traitant - un peu superficiellement - de thèmes (la cupidité, la violence des rapports) ou d'archétypes (le jeune héros un peu foufou un peu naïf) chers à l'auteur. Malheureusement, le metteur en scène retrouve aussi l'un des principaux défauts de sa filmographie, cette tendance à partir en vrille dans le troisième acte (on pense en particulier à La Plage et Sunshine). Ce n'est pas tant que la progression est illogique mais cela se traduit ici par l'inévitable accumulation de twists semi-prévisibles qui semblent sortis d'un polar des années 90, avec cette inéluctable séquence d'explications nécessaires mais lourdingues et une sorte de changement de point de vue sur la fin qui est maladroit voire incompréhensible. Toutefois, cette spirale approfondit l'exercice de style en le hissant au-delà du simple thriller de voleurs mais Trance n'a jamais la force d'un Inception par exemple, film avec lequel il partage plusieurs points communs.