Taste of Tea (The)

Taste of Tea (The)
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Taste of Tea (The)
Cha no aji
Japon, 2003
De Katsuhito Ishii
Scénario : Katsuhito Ishii
Avec : Tadanobu Asano, Maya Banno, Tatsuya Gashuin, Takahiro Sato, Satomi Tézuka
Durée : 2h23
Sortie : 20/04/2005
Note FilmDeCulte : *****-

Bienvenue chez les Haruno: le père spécialiste de l'hypnose, la mère dessinatrice, la fillette et son double, le fils transi d'amour, le grand-père facétieux et l'oncle ingénieur du son.

ISHII THE KILLER

De Katsuhito Ishii, on ne savait que le strict minimum. Auteur de deux longs métrages inédits en France avec le génial Tadanobu Asano, ce cinéaste nippon de 39 ans avait signé l'hallucinante séquence animée de Kill Bill, vol. 1 de Quentin Tarantino, retraçant l'enfance douloureuse d'O-Ren Ishii. La violence du court métrage avait certainement induit en erreur le spectateur curieux de la Quinzaine des réalisateurs, qui avait retenu le film dans sa sélection 2004. The Taste of Tea n'a rien d'un long métrage d'action, encore moins d'un énième bain de sang. Seul point commun: l'excellence de la mise en scène. Récit familial à plusieurs voix, guide du savoir-vivre à l'usage des citadins stressés, le troisième long métrage de Katsuhito Ishii est un chef-d'œuvre champêtre, un rêve de cinéma entre la finesse contemplative d'un Yasujiro Ozu (le titre anglais n'a aucun lien avec Le Goût du thé du même auteur) et l'audace formelle et narrative d'Isao Takahata, l'autre génie du studio Ghibli.

THE GO TEAM

Après la projection parisienne de Souvenir gouttes à gouttes (Omohide Poroporo), le réalisateur du Tombeau des lucioles avait expliqué qu'il n'existait pas de frontière thématique entre le cinéma traditionnel et le cinéma d'animation. Katsuhito Ishii partage certainement la même analyse, mais l'énonce différemment. Pour The Taste of Tea, il fait preuve d'une incroyable audace formelle, multiplie les inserts (de textes, d'images, de séquences oniriques) et malmène la grammaire habituelle du cinéma, non pas par une sophistication excessive mais par une liberté de ton absolue. le plus souvent, les personnages évoluent dans des plans séquences minutieusement composés, baignés par la lumière naturelle de la région de Nigata dont Ishii est originaire. Le cinéaste croque le quotidien d'une famille normale et équilibrée, en apparence seulement... Chaque membre de la famille est gagné par une douce folie et doit venir à bout d'un défi personnel pour retrouver sa sérénité. Ishii papillonne d'un personnage à l'autre, s'attarde sur des intrigues secondaires (dont le récit hilarant d'un fantôme yakusa particulièrement vindicatif), brouille les pistes de ses histoires pour mieux tisser sa toile.

LE SENS DE LA VIE

Ce patchwork de saynètes mises bout à bout et forcément un peu inégales, ne serait pas aussi émouvant si l'on ne ressentait derrière l'aspect farfelu des destins croisés, une profonde mélancolie. Derrière l'adolescent timide, la petite fille trop imaginative ou l'oncle flegmatique, sous la carapace d'un père accaparé par son travail, au-delà des jeux d'un grand-père farceur et d'une mère compréhensive, The Taste of Tea pose un regard attendri sur la vie. Ishii semble brosser le portrait de seulement deux personnages à différents âges de la vie. Ces derniers nous confient un secret à la fois simple à formuler et compliqué à mettre en oeuvre, oser profiter de la vie, ne rien regretter, toujours aller de l'avant, même si le projet est dérisoire (faire un tour complet sur soi-même ou déclarer sa flamme à l'élue de son coeur). Une apologie de l'audace qui rejoint la forme même du projet. Katsuhito Ishii a depuis réalisé un nouveau long métrage, Naisu no mori: The First Contact, une comédie fantastique avec notamment Susumu Terajima et Maya Bano, la petite fille de The Taste of Tea. On espère désormais une rétrospective exhaustive de l'œuvre de ce cinéaste nippon si original.

par Yannick Vély

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