Swimming Pool

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Swimming Pool
France, 2003
De Francois Ozon
Scénario : Emmanuelle Bernheim, Francois Ozon
Avec : Marc Fayolle, Jean-Marie Lamour, Charlotte Rampling, Ludivine Sagnier
Durée : 1h42
Sortie : 21/05/2003
Note FilmDeCulte : ****--
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Sarah Morton est une romancière anglaise dont les polars font la joie du compte en banque de son éditeur. Ce dernier lui prête sa villa dans le Lubéron afin qu’elle écrive son prochain roman dans une quiétude absolue. Tranquillité bientôt brisée par l’intrusion, une nuit, de la fille de l’éditeur.

COQUILLAGES ET CRUSTACES

Après le long et éprouvant manège 8 Femmes, Ozon s’octroie quelques vacances au bord d’une piscine. Swimming Pool a des allures de respiration estivale dont la désinvolture risque de désarçonner plus d’un. Terrain connu, pourtant: le dernier Ozon porte le sceau de son auteur. La maison de poupées dans 8 Femmes, la cabane de l’ogre dans Les Amants Criminels, le nid familial de Sitcom ou la villa du Lubéron dans Swimming Pool: dans tous ses films, la maison figure chez Ozon un lieu catalyseur des passions qui encercle ses personnages pour mieux les décortiquer à vif. De même, les corps illustrent une idée de la subversion et du dépassement qui habite sa filmographie. Réseau de reflets: Sarah est fasciné par l’objet masturbatoire Julie comme Luc est troublé par le corps nu de Saïd dans Les Amants criminels. Le sexe devient défi, une épreuve avant l’accomplissement. Luc observe avant d’agir, Sarah contemple Julie avant de s’adonner aux mêmes voluptés. En outre, les personnages féminin de Swimming Pool appartiennent au même paysage cher à son auteur: après les harpies tueuses ou les Gretel assassines, Ozon peint une fois de plus des femmes castratrices à travers ses deux diaboliques en socquettes. Le décor est donc le même, et sous des aspects de carte de visite hollywoodienne avec suspens ensoleillé et langue de Shakespeare, Swimming Pool, cousin assez proche de Regarde la mer, porte toutes les marques de son auteur. Et notamment celle de la dérision ludique.

KISS ME KILL ME

A la manière de 8 Femmes, Swimming Pool rentre avec difficulté dans la case qui lui était préparée: pas un pur thriller ni une pleine comédie, plutôt un entre deux qui jouit d’une totale liberté scénaristique. Aux antagonismes de comédie (l’anglaise se goinfrant de fromage blanc devant la télé pendant que la lolita prend des pauses de démone sexuelle dans son bain) succèdent des rouages vulgaires mais assumés comme tels, comme issus des propres best sellers du personnage principal. Il y a quelques mois, Virginia Woolf agissait sur la vie de deux femmes à travers son roman dans The Hours. Ici, Ozon filme une romancière qui voit sa tranquille existence à travers le prisme d’une aventure frenchy chez la Christie, avec ses morts dans le placard et ses secrets bien gardés, ou encore, façon Ozon, ses étalons libidineux ou ses créatures de contes de fées perdues dans la campagne française. Charlotte Rampling, impériale, campe un rôle d’ailleurs mis en scène à la façon Sous le sable, où le personnage est confronté à la trivialité absolue (cuisson des pates dans l’un, pause supérette chez l’autre) avant d’être gagné par les vertiges de l’indicible. Sarah se perd dans les reflets de l’eau bleue comme dans la cicatrice au dessus du nombril de Julie, ouverture aspirante et fêlure mystérieuse d’une boite de Pandore grisante. En mariant son sens du grotesque à un suspens volontairement vulgaire, Ozon parvient une nouvelle fois à une certaine véracité du portrait de femme, à la trouble légèreté.

par Nicolas Bardot

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