Serenity, l'ultime rébellion
Serenity
États-Unis, 2005
De Joss Whedon
Scénario : Joss Whedon
Avec : Adam Baldwin, Chiwetel Ejiofor, Nathan Fillion, Jewel Staite, Gina Torres, Alan Tudyk
Durée : 1h50
Sortie : 19/10/2005
500 ans dans le futur, après une guerre opposant les Indépendants à l’Alliance, l’Humanité a fui notre système solaire pour un autre. C’est dans ce monde-là que tentent de survivre le vétéran Mal Reynolds et son équipe de mercenaires, abritant une jeune fille transformée en arme par l’Alliance, évidemment à leurs trousses…
SPACE ODDITY
A l’origine de Serenity (oublions le sous-titre français vulgaire), il y a Firefly. Série télévisée inédite en France, créée par Joss Whedon (Buffy contre les vampires, Angel) et annulée après seulement treize épisodes, ce croisement entre le western et le space opera a fait l’objet d’un tel culte outre-Atlantique que les droits furent rachetés par Universal après les ventes fulgurantes du coffret DVD, en vue de produire ce long métrage. Et qui de mieux placé pour porter à l’écran son œuvre que l’auteur original, Joss Whedon, qui signe ici son premier film (après avoir réalisé de nombreux épisodes de ses diverses créations)? Mais qu’est-ce qui fait l’intérêt de Firefly (et par extension de Serenity), show qui n’est même pas parvenu jusqu’à chez nous? Outre son talent indéniable pour l’écriture, caractérisant des personnages immédiatement charismatiques et/ou attachants en deux minutes, ne manquant jamais d’humour sans trop en faire (pas de second degré à la Buffy), Whedon explore de manière plutôt réjouissante les codes des différents genres (western, science-fiction, film de guerre, etc.), qui s’entremêlent de façon très cohérente. Bien entendu, on n'est pas devant le nouveau Star Wars comme pouvait l’être un Matrix, mais le film demeure une excellente série B sans grandes prétentions. De plus, bien que tissée sur un canevas vu et revu, l’histoire réserve quelques surprises, aussi infimes soient-elles, créant un équilibre avec les archétypes et stéréotypes obligatoires. Grâce à ces quelques touches d’originalité, le scénariste-réalisateur tire son épingle du jeu.
THE SUN ALWAYS SHINES ON TV
On notera quelques oripeaux de facture télévisuelle: malgré de très bonnes scènes d’action, parfois assez spectaculaires, le mince budget du film (40 millions de dollars seulement) se devine à l’écran et ce léger manque d’ampleur, couplé à l’absence de stars, donne par moments un aspect "téléfilm de luxe" à l’œuvre. Enfin il ne s’agit pas d’X-Files, le film non plus. Et jamais le film ne fait cheap. Sans pour autant s’avérer un prodige formel (comme d’autres auteurs qui exercent dans le même registre), Whedon marque de sa patte ce premier essai. En voyant River Tam, descendante directe de Buffy Summers, on pense bien sûr au thème de la femme forte, précédemment présent dans la carrière de Whedon, tout en regrettant que les deux autres personnages féminins du récit (la mécano Kaylee et la "Compagne" Inara) soient un peu trop en retrait dans le film (alors qu’elles pouvaient exister pleinement dans un unique épisode de la série). Il faut également évoquer les aspirations technico-esthétiques du réalisateur. Fait assez rare pour être souligné, le film respecte l’absence de son dans l’espace. Plus particulièrement, l’attention se porte sur la simulation d’un filmage à l’épaule pour une certaine quantité de plans en images de synthèse, une technique inaugurée par Whedon sur la série originale. Encore une fois, des petites "innovations" qui confèrent au film un aspect un tant soit peu différent des autres produits du même genre. Loin d’être un film exceptionnel, Serenity possède néanmoins un univers quelque peu atypique et un énorme quota sympathie qui sauront charmer certains spectateurs.