Sang des innocents (Le)
Non ho sonno
Italie, 2001
De Dario Argento
Scénario : Dario Argento, Franco Ferrini
Avec : Chiara Caselli, Stefano Dionisi, Rossella Falk, Gabriele Lavia, Max Von Sydow, Roberto Zibetti
Durée : 1h54
Sortie : 13/03/2002
À Turin, de nos jours, un serial killer sème la terreur en multipliant les crimes atroces. Dix-sept ans plus tôt, la mère de Giacomo Gallo avait été assassinée sous ses yeux dans des circonstances similaires. Le meurtrier présumé avait à l'époque été retrouvé mort. Afin d'en avoir le cœur net, Giacomo décide de revenir à Turin pour mener l'enquête, avec l'aide du commissaire à la retraite Ulysse Moretti, anciennement en charge de l'affaire...
Ça commence très fort, par la musique tonitruante des Goblin, de l'érotisme, une course-poursuite haletante puis un bain de sang. Le tout en une séquence d'une vingtaine de minutes, montre en main. Le Sang des innocents est un retour aux sources, celles du Giallo, thriller italien hyper-codifié par la suite copié par l'essentiel du cinéma de la peur. C'est ce genre des années 1960 et 1970, créé par le maître Mario Bava, qui a révélé Dario Argento, jusqu'à Profondo Rosso, et avant qu'il ne s'attèle au cinéma fantastique. L'évocation du Giallo se fait même de manière explicite par le nom du héros, Giacomo Gallo. Ulysse Moretti, le vieux commissaire interprété par Max Von Sydow, fait d'ailleurs penser à Argento himself. Comme lui, il fait un come-back, comme lui, il semble un peu dépassé par les nouvelles technologies (d'investigation pour Moretti, effets numériques pour Argento).
L'enquête, dont les ressorts passent au second plan, paraît artificielle. Ce n'est pas ce qui intéresse Argento. C'est plus l'exercice de style, de son style flamboyant. Celui-ci peut paraître incohérent, multipliant les points de vue, mais au contraire il fait naître la tension de manière originale, comme ce plan-séquence d'une minute sur un tapis rouge où on finit par s'arrêter sur les pieds de l'assassin. Ce brouillard dans lequel sont perdus aussi bien les spectateurs que les personnages du film est la patte Argento qu'on retrouve dans toute son oeuvre.
Cependant, à force de recycler à fond tous les ingrédients du Giallo, la recette devient un peu indigeste, le film tombant parfois dans l'auto-parodie nostalgique, volontaire ou non. Le Sang des innocents se termine d'ailleurs de manière très abrupte, avec des développements encore pendant le générique de fin, comme si Dario Argento était impatient de finir son film. Néanmoins, on appréciera le retour du Giallo à l'ancienne et on attendra de voir la suite, puisqu'il s'agirait du premier volet d'une trilogie, le second devant se dérouler à Venise.