Dario Argento

Dario Argento
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Réalisateur, Scénario, Acteur
Italie

Né le 7 septembre 1940 à Rome, Dario Argento est d’abord critique de cinéma. Sa rencontre en 1968 avec Sergio Leone est décisive, celui-ci lui proposant d’écrire avec Bernardo Bertolucci le scénario de Il était une fois dans l’Ouest. Introduit dans le milieu du cinéma italien de la fin des années 1960, d’emblée aux côtés de grands noms, il écrit plusieurs scénarios de séries B avant de pouvoir se lancer dans son premier projet personnel: L’Oiseau au plumage de cristal (1969). La musique est déjà composée par Ennio Morricone, qui l’accompagnera sur cinq de ses réalisations. Le film s’inscrit dans la lignée du Giallo, thriller italien créé par le maître Mario Bava. Le succès est immédiat, Le Chat à neuf queues (1970) et Quatre Mouches de velours gris (1971) complètent la trilogie animalière, qui totalisera près de quatre milliards de lires au box-office transalpin

Malgré l’échec commercial de la Cinque Giornate (1973), Dario Argento reste sur sa lancée et réalise en 1975 Les Frissons de l’angoisse, sommet du Giallo et œuvre charnière. Il marque notamment sa rencontre avec les Goblin, groupe électro-rock dont la musique fusionnera à merveille avec les images d’Argento. Avec son dyptique maléfique sur la sorcellerie (Suspiria en 1976) et sur la mort (Inferno en 1979), Dario Argento abandonne le Giallo, et devient instantanément un réalisateur majeur d’un genre qu’il contribue à ne pas laisser mineur: le cinéma d’horreur. Une horreur baroque et flamboyante comme on n’en avait jamais vue jusque là. Sa nouvelle renommée internationale le conduit à collaborer avec Georges Romero sur Dawn of the Dead (1978), qu’il raccourcit au montage pour la version européenne, et surtout pour lequel il a la grande idée d’ajouter une fabuleuse partition des Goblin. Il retravaillera par la suite avec Romero sur Two Evil Eyes (1989), film à sketches adapté de deux nouvelles d’Edgar Allan Poe.

Les femmes occupent une place prépondérante dans les films de Dario Argento. Et le moins que l’on puisse dire c’est qu’il ne les ménage pas. Mais deux d’entre elles interfèrent particulièrement avec sa sphère privée. Rencontrée à l’occasion des Frissons de l’angoisse, l’actrice Daria Nicolodi deviendra sa seconde épouse et sa muse. Co-auteur du scénario de Suspiria, elle traversera l’œuvre d’Argento, des Frissons de l’angoisse à Opéra, soit pendant la meilleure période du réalisateur, dans des rôles aussi bien de bourreau que de victime (on se souviendra particulièrement de sa mort spectaculaire dans Opera). L’autre femme de sa vie, c’est bien évidemment sa fille, Asia. Dario Argento, un brin pervers bien que s’en défendant, prenait déjà un malin plaisir à satisfaire ses fantasmes macabres grâce à de jeunes actrices (Jessica Harper dans Suspiria, Jennifer Connelly dans Phenomena). Lorsque sa fille, en l’espace de trois films (Trauma, Le Syndrome de Stendhal et Le Fantôme de l’Opéra), prend le relais, le malaise est certain. Celle-ci n’a d’ailleurs jamais caché sinon le traumatisme du moins le trouble qu’avait pu générer cette relation semi-incestueuse avec son père devant la caméra.

Parallèlement, Dario Argento se crée une autre famille, cinématographique celle-ci, en produisant les longs-métrages horrifiques de ses anciens assistants: Lamberto Bava, fils de Mario (Démons 1 & 2), et Michele Soavi (Sanctuaire, La Secte). Il traverse ainsi les années 1980, alternant Giallo (Ténèbres en 1982, Opéra en 1987) et épouvante (Phenomena en 1985). Au début des années 1990, Argento tente une percée américaine. Cependant, Trauma (1992), mal distribué, est aussi son plus mauvais film. Depuis, sa crédibilité semble être entamée. Le Syndrome de Stendhal (1996), malgré des qualités évidentes, et Le Fantôme de l’Opéra (1998), suscitent l’indifférence quasi-générale. La sortie du Sang des innocents, pour lequel le distributeur français Pretty Pictures a mis les petits plats dans les grands, relancera-t-elle un réalisateur qui a trop souvent la réputation d’être fini? Nous ne pouvons qu’ardemment le souhaiter.

par Yannick Vély

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