Rambo : Last Blood
États-Unis, 2018
De Adrian Grunberg
Scénario : Matthew Cirulnick, Sylvester Stallone
Avec : Sylvester Stallone, Paz Vega
Photo : Brendan Galvin
Musique : Brian Tyler
Durée : 1h40
Sortie : 25/09/2019
Cinquième épisode de la saga Rambo. Vétéran de la Guerre du Vietnam, John Rambo va affronter un cartel mexicain après l'enlèvement de la fille d'un ami.
ANTISOCIAL TU PERDS TON SANG FROID
Qui aurait cru, il y a maintenant 11 ans, que Stallone réussirait le tour de force de faire renaître de ses cendres cette icône des années 80 dont les aventures étaient devenues au fil des années des parodies d’elles-mêmes ainsi que des caricatures républicaines. Pourtant il l’a fait. Parce qu’il est comme ça Sly, il n’a pas peur, il fonce et porte ses projets à bouts de bras. Et quels bras ! Seulement, quand on a entendu parler du projet Rambo 5 on a eu quelques doutes. Pas que le bonhomme n’ait plus la carrure nécessaire pour endosser à plus de 70 printemps la défroque de ce vétéran du Vietnam traumatisé, mais plutôt parce qu’il semblait que la boucle était belle et bien bouclée avec la conclusion du formidable et inespéré John Rambo. Puis le film est devenu cette arlésienne qui ressortait de temps en temps dans les plannings de productions avant de disparaitre presqu’aussitôt en fonction des humeurs d’un Stallone lui-même incertain quant à la nécessité de l’entreprise. Bref on avait espoir que la création de David Morrell profite de sa retraite bien méritée. Et même si Rocky, l’autre personnage culte de la filmographie du Demolition man, refaisait un come-back surprenant avec Creed et sa suite, faire ressortir Rambo de son ranch familial était un dessein beaucoup plus risqué pour ne pas dire suicidaire. Pourtant, et pour paraphraser Charlton Heston dans La Planète des singes : « Oh mon Dieu, les fous, ils l’ont fait ! ». Parce qu’en tant qu’œuvre inutile, ni faite ni à faire, Rambo : last blood se pose là !
Via un recyclage du script du pas bien fameux et déjà complètement oublié Homefront (dont il avait signé le scénario un temps considéré comme étant celui de ce fameux Rambo 5), Stallone envoie donc son alter-ego guerrier saigner quelques trafiquants mexicains qui ont eu l’outrecuidance de kidnapper la fille d’une amie. Mais au-delà de situer l’action en dehors d’un véritable conflit déclaré, qui était quand même une des marques de fabrique du rôle depuis le second opus, l’ami Sylvester et son co-scénariste Matt Cirulnick oublient surtout la dimension dramatique et l’épaisseur tragique du héros, qui se contente ici de trimballer son spleen et sa carcasse à dos de cheval ou dans des tunnels vétustes avant d’aller réclamer vengeance, pour mieux en faire un simple homme vieillissant, ‶rangé des voitures″ et redevenu socialement viable. Bref, une absence de psychologie et d’épaisseur incohérente avec le personnage que même la pseudo boucherie (parce qu’on est quand même loin du carnage et de l’explosion de sauvagerie gore du quatrième volet) du dernier quart d’heure n’arrivera pas combler. Alors si à ce déjà triste constat on rajoute une mise en scène dénuée de tout style, parfois illisible et/ou aussi pauvre qu’une telenovela, on se retrouve devant un produit gênant, une sorte de mélange entre un nouveau Taken et un épisode de L’Agence tous risques. Rambo : last blood ou l’art et la manière de désacraliser un héros, un épilogue rude et presque déshonorant. Dur comme chant du cygne. Ne nous reste donc plus, à la manière d’un certain 4e volet de la franchise Indiana Jones, qu’à le rayer de nos mémoires si l’on veut conserver un agréable souvenir de la série. Repose en paix John Rambo !