Quatre frères

Quatre frères
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Quatre frères
Four Brothers
États-Unis, 2005
De John Singleton
Scénario : David Elliott, Paul Lovett
Avec : André Benjamin, Josh Charles, Chiwetel Ejiofor, Tyrese Gibson, Garrett Hedlund, Mark Wahlberg
Durée : 1h55
Sortie : 05/10/2005
Note FilmDeCulte : ****--

Quatre frères, deux blancs, deux noirs, furent adoptés par Evelyn Mercer, vieille dame bienfaitrice d’un quartier de Détroit. Lorsqu’elle est tuée au cours du braquage d’une épicerie, ses fils, séparés depuis plusieurs années, reviennent au bercail pour la venger.

POURSUIVI PAR SMITH & WESSON

On pourrait croire au vu de l’affiche que Quatre frères est un film aussi banal que le sous-entend son pitch somme toute assez simple. Entre le décor enneigé de la ville de Détroit et l’absence du réalisateur John Singleton au scénario (pour la deuxième fois consécutive après 2 Fast 2 Furious), on pourrait supposer qu’il s’agit là d’un produit totalement impersonnel. Après avoir vu la bande-annonce, on pourrait, au pire, craindre une redite de la part de l’auteur, de retour dans un milieu banlieusard auprès de mauvais garçons à la Boyz N The Hood. Ce serait sous-estimer Singleton, qui évite soigneusement de reproduire l’erreur Baby Boy (retour aux sources assez laborieux de 2h20) et signe un western urbain renvoyant sans cesse à ses précédents films. Enfant des années 70 ayant grandi avec les polars aux archétypes de western (tels que L’Inspecteur Harry ou encore Un justicier dans la ville), Singleton reprend les codes du genre, intimement lié au "film de vengeance", et les emploie dans son propre univers. Ainsi, les quatre frères font figure de cow-boys qui viennent en ville pour régler les comptes "parfois de la mauvaise façon mais pour les bonnes raisons", comme l’indique le metteur en scène. Film d’hommes pour homme, Quatre frères bénéficie d’un casting ingénieux qui favorise des héritiers de Clint Eastwood ou Charles Bronson (dans la mesure où il ne s’agit pas à proprement parler de belles gueules) et permet notamment à Mark Wahlberg de canaliser son propre passé de voyou notoire dans une performance intéressante.

FRERES DE SANG

L’auteur assure une continuité avec ses œuvres antérieures, à commencer par la bande originale qui accompagne la première partie (quelque peu laborieuse) du métrage, presque exclusivement composée de morceaux de chez Motown (dont plusieurs de Marvin Gaye ou des Temptations), conférant au film une vibe très soul music qui n’est pas sans rappeller le remake de Shaft, lui aussi ancré dans une tradition de polar expéditif. La partition signée David Arnold, prédominante par la suite, opte pour une ambiance plus stressante, illustrant l’intensité brute des scènes d’action (on pense à ce gunfight qui n’en est pas un) filmées à la manière de Shaft à nouveau, laissant au placard la caméra numérique de 2 Fast 2 Furious, inadéquate au cas présent. Les différentes confrontations ethniques (blancs, noirs, latinos, arabes) parcourent le film à l’instar des gangs de Boyz N The Hood, des alliances et rivalités de Shaft ou de 2 Fast 2 Furious. De plus, ces protagonistes pourraient être la représentation des différentes facettes du cinéaste: la rage pure incarnée par Wahlberg ou bien la volonté d’oublier un passé dangereux caractérisée par le personnage d’André Benjamin (un nouveau transfuge talentueux de la musique au cinéma). Tous ces ex-voyous qui ont raté leur reconversion à un statut plus respectable, coincés dans leur ghetto ou bien forcés d’y revenir, à l’image de Singleton, constamment mesuré à son premier film. En aucun cas indispensable, Quatre frères est un bon film qui demeure personnel et comporte assez de pointes d’originalité pour mériter d’être vu.

par Robert Hospyan

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