The Program
Royaume-Uni, 2015
De Stephen Frears
Scénario : John Hodge
Avec : Guillaume Canet, Ben Foster
Durée : 1h43
Sortie : 16/09/2015
Découvrez toute la vérité sur le plus grand scandale de l’Histoire du sport : le démantèlement du programme de dopage qui a fait de Lance Armstrong une légende. De la gloire à l'humiliation, The Program retrace le parcours de la star du Tour de France. Véritable thriller, le film nous plonge au cœur de la folle enquête qui a conduit à sa chute.
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Dans la première scène de The Program, Lance Armstrong (incarné par Ben Foster) est à la peine lors d'une course. Scène suivante: il se dope. Scène suivante: il "performe". Scène suivante: il a le cancer. Scène suivante: il guérit. Scène suivante: il revient etc... On exagère ? Ok, il y a peut-être deux scènes pour chacun de ces rebondissements. Mais on se demande comment un bon raconteur comme Stephen Frears (qui a, certes, connu des loupés) a pu se contenter de ce scénario sorti d'une machine électronique où, à peu de choses près, une scène = un fait. Ce nouveau film est très loin du libre portrait très réussi par Frears avec The Queen.
On s'habitue mal à la cascade de biopics qui envahissent les écrans. Même s'ils évoquent des destins différents, ces films ont une mécanique voisine qui les fait tous se ressembler. The Program atteint, lui, le fin fond de la caricature robotique et désincarnée du cinéma Wikipédia (avec ses performances oscarisables où le héros est furieux et au bord des larmes face caméra, voire dignes d'un Razzie dans le cas de Guillaume Canet cabotinant jusqu'à l'embarras). Les enchainements sont totalement torchés et la dramatisation est inexistante. Armstrong est pourtant un extraordinaire personnage de cinéma: un héros (puisqu'il a vaincu la maladie - d'ailleurs il lui règle son compte très facilement dans le film) et un surhomme (puisqu'il a remporté 7 fois le Tour de France) en même temps qu'un menteur tragique et un tricheur pathétique.
En lieu et place de grandeur et décadence, on a surtout des sauts de ligne Wikipédia. Jusqu'à la parodie: Armstrong croise une femme dans un couloir, lui demande si elle préfère la pizza ou les huître ; cut - ils se marient. Ça ne sert à rien dans l'intrigue, mais si Wikipédia en parle, le film doit en parler. The Program pourrait choisir d'exposer froidement les faits tout en jouant de l'ellipse. Le problème est qu'il n'a absolument aucun point de vue sur son personnage, que tout est plat et que le temps de cerveau disponible est rempli par des images vides qui défilent et des tubes pop-rock en fond sonore au cas où on aurait le temps de penser. Gageons que The Program se fera moins vilipender que des Diana ou Grace de Monaco (qui n'ont pas la chance d'avoir un héros masculin et donc plus respectable que des héroïnes que la presse a vite fait de transformer en dindes). The Program n'est pas meilleur, il est même encore plus lourdingue. L'espace d'un instant, on songe au traitement (extraterrestre en comparaison) d'un Foxcatcher. Mais ce film-là faisait du cinéma, alors que lorsque le dénouement de The Program arrive, sans climax, comme un cheveu sur la soupe, on se dit que le film s'achève non pas parce que c'est la fin mais parce que la page Wikipédia est terminée.