Le Prodige
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Pawn Sacrifice
États-Unis, 2014
De Edward Zwick
Scénario : Stephen J. Rivele, Steven Knight, Christopher Wilkinson
Avec : Tobey Maguire, Peter Saarsgard, Liev Schreiber
Musique : James Newton Howard
Durée : 1h54
Sortie : 16/09/2015
L’histoire de Bobby Fischer, le prodige américain des échecs, qui à l’apogée de la guerre froide se retrouve pris entre le feu des deux superpuissances en défiant l’Empire Soviétique lors du match du siècle contre Boris Spassky. Son obsession de vaincre les Russes va peu à peu se transformer en une terrifiante lutte entre le génie et la folie de cet homme complexe qui n’a jamais cessé de fasciner le monde.
LA DIAGONALE DU FOU
Il y a quelques années, David Fincher avait failli porter à l'écran l'incroyable histoire de Bobby Fischer, servie par l'écriture habile de Steven Knight (Les Promesses de l'ombre) et l'on ne peut s'empêcher de penser qu'un metteur en scène plus inspiré l'aurait porté bien plus haut. Faiseur un peu lisse mais versatile et dont les films sont souvent efficaces (Glory, Couvre-feu, Blood Diamond), Edward Zwick fait du bon boulot mais la folie du protagoniste - un joueur d'échec arrogant et de plus en plus paranoïaque - et l'importance du contexte (la Guerre Froide) méritaient un cinéaste de la trempe d'un Martin Scorsese ou d'un Fincher, afin de bénéficier du même traitement qu'Howard Hughes et Mark Zuckerberg.
Cela étant dit, le scénario est suffisamment solide et le savoir-faire de Zwick indéniable pour composer un biopic thrilleresque engageant, grâce à la caractérisation redoutable et éminemment ludique de cet improbable trio de personnages (un champion nerd, l'avocat du gouvernement qui l'exploite et un curé !). Ces derniers sont pris dans une aventure tragique parfaitement résumée par le titre original du film - Pawn Sacrifice, stratégie de jeu mais également description de Fischer, pion sacrifié par son gouvernement dans une guerre de perception livrée contre le bloc soviétique - et évidemment bazardée par le titre français (Le Prodige, gnééééé). Et si les raisons de la psychose et la haine de soi de Fischer auraient gagné à être explorées davantage, au même titre que la manipulation patriotique dont il était l'objet, la performance de Tobey Maguire, certainement sa plus outrée, fait tout le travail. Dans le genre, si on n'est pas face au nouveau The Social Network, on n'est pas devant The Imitation Game non plus.
