Predators
États-Unis, 2010
De Nimrod Antal
Scénario : Michael Finch, Alex Litvak, Robert Rodriguez
Avec : Alice Braga, Adrien Brody, Laurence Fishburne, Walton Goggins, Topher Grace, Oleg Taktarov, Danny Trejo
Photo : Gyula Pados
Musique : John Debney
Durée : 1h40
Sortie : 14/07/2010
Une escouade de commandos doit faire face à une mystérieuse race de monstres hostiles.
QUI VA A LA CHASSE…
La carrière du Predator est un vrai cas d’école. Car il aura suffi d’un seul film, réalisé par le maître McTiernan, pour lui ériger une statue de marbre dans le bestiaire du ciné fantastique, qu'une suite moyenne et deux spin-offs ridicules n'ont pas réussi à entacher. Belle perf’ ! D’ailleurs, de ces séquelles, ce nouvel opus de l’extra-terrestre à dreadlocks et à la gueule de porte-bonheur en fait table rase et c’est tant mieux, permettant ainsi à Robert Rodriguez (l’instigateur et producteur du projet) et à Nimrod Antal (Motel, Blindés) de faire repartir l’éventuelle franchise sur de meilleurs rails. Car c’est à une relecture du mythe qu'on assiste. Ou plutôt un faux remake du premier volet destiné à (re)présenter la bête aux nouvelles générations et à raccorder cet opus à son aîné même s'il y a fort à parier que les fans hardcore de la première heure vont se sentir bafoués par cette impression de "déjà-vu" qui n'apporte pas grand chose de neuf si ce n'est quelques fausses bonnes idées (ou quelques bonnes idées mais jamais développées). Retour donc d’une bande de "barbouzes" badass burnés (enfin sur le papier…) lâchés dans une jungle hostile et prêts à en découdre avec des bestioles belliqueuses, instinctives et sournoises en quête de trophées, que les armes et la chaleur excitent autant qu'un puceau au salon de l'érotisme. Seulement, il ne suffit de pas de coller un S discret au titre pour retrouver la volupté de l'original et arriver à sa cheville. Surtout si on ne fait que le singer.
…PERD SA PLACE
Parce qu'évidemment, la nouvelle couenne n’est pas de la trempe des Schwarzie, Bill Duke, Jesse Ventura ou Carl Weathers, même si un Danny Trejo et une cracheuse de plomb suffisent à donner un peu de corps à cette escouade de gallinettes cendrées. Mais pour le reste c’est un peu moins la fête à la maison, le script oubliant complètement de capitaliser sur l'aura de ses héros, humains comme "étrangers". Parce qu'il faut déjà savoir que l'ensemble est un grand rien scénaristique (v'la l'excuse de ce rendez-vous en terre inconnue) et que la plupart des personnages sont vraiment traités par-dessus la jambe (Goggins et Taktarov en tête) voire dénués de tout intérêt (Fishburne et Grace). Du coup, pour combler ces carences et pour ne pas se prendre une volée de bois vert de la part des puristes, Antal et Rodriguez caressent sans cesse leur audience dans le sens du poil, lui fournissant quantité de clins d'œil pour la rassasier. Le réalisateur applique une mise en scène basique et consensuelle, mais rate clairement le coche du spectacle bourrin qu’on était en droit d’attendre en oubliant également fournir plus de tension (sensation qui était vraiment forte dans le premier volet, mais qui est certes devenu beaucoup plus difficile à exécuter aujourd’hui, l’effet de surprise ne pouvant plus être créé). Du coup, c'est un spectacle assez indolore que l'on nous donne, un show malhabile où certains points clés réussissent à émoustiller notre âme de guerrier viril, mais où certains autres moments nous empêchent clairement d'atteindre l'extase, voire même annihile certains efforts (l'utilisation sommaire et finalement anecdotique des chiens de chasse). John Debney, lui, recycle le thème d'Alan Silvestri en long, en large et en travers (pas de doute, on veut vraiment nous mettre à l'aise et nous faire croire qu'on est à la maison). Vous l’aurez donc compris, pour savourer ce Predators, il est préférable de l'anticiper comme étant de la trempe de ces œuvres aseptisées, à regarder la main dans le saut à pop corn et le cerveau en mode off, au risque de vous retrouver à vous rouler dans la boue pour mieux hurler votre rage à la lueur d'un flambeau.