Poulet aux prunes

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Téhéran, 1958. Nasser Ali Khan, musicien célèbre, a perdu le goût de vivre. Plus aucun instrument ne semble pouvoir lui redonner l’inspiration depuis que son violon a été brisé. Sa tristesse est d’autant plus forte que son amour de jeunesse, rencontré au coin d’une rue peu après cet incident, ne l’a pas reconnu. Après avoir cherché en vain à remplacer cet instrument reçu autrefois de son maître de musique, Nasser en arrive à la seule conclusion possible : puisque aucun violon ne peut plus lui procurer le plaisir de jouer, il se mettra au lit pour attendre la mort. Il envisage alors toutes les morts possibles : être écrasé par un train, sauter d’une falaise, se tuer d’une balle dans la tête, faire une overdose de médicaments… mais ne trouve aucune de ces issues digne de lui. Après tout, il était le meilleur violoniste de son temps : Nasser Ali Khan.

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Après avoir réussi leur transition de la page à l'écran il y a quatre ans, les transfuges Vincent Paronnaud (aka Winshluss) et Marjane Satrapi reviennent avec l'adaptation de l'autre bande-dessinée réputée de cette dernière, Poulet aux prunes. Il est évident que le duo ne pouvait pas porter à l'écran cette BD de la même manière que Persepolis, mais en transformant l'épure du matériau d'origine en une sorte de fable à vignettes qui n'est pas sans rappeler les derniers films de Jean-Pierre Jeunet, l'histoire perd beaucoup de sa mélancolie et l'humour un peu décalé devient parfois trop vulgaire (horriblement interminable séquence sitcom). En exacerbant les traits ou en cherchant la poésie, les saynètes se voudraient iconiques mais elles se font juste trop légères pour que l'émotion prenne vraiment. Par ailleurs, entre son casting all star - qui joue mal en plus - et les décors qui puent le studio, l'ensemble sent un peu trop le chiqué. En fin de compte, on a parfois l'impression de regarder une pub pour la Fête du Cinéma. Toutefois, l'ouvrage va en se bonifiant.

Heureusement, il reste des oripeaux de la bande-dessinée, de ce qui faisait l'originalité et le charme de l'histoire. Le récit de cet homme qui se laisse mourir suite à la destruction d'un instrument, fait qui cache en réalité une blessure bien plus grave. Dans l'effort de se distinguer de l'esthétique du matériau d'origine, les auteurs font état de quelques idées graphiques un peu plus convaincantes, comme ces panoramas en peinture, et l'on ne niera pas à l'exercice certaines belles images. On s'attache également à Mathieu Amalric, qui porte le film, et certaines idées simples font mouche, comme la représentation d'Azazel, ange de la mort campé à merveille par Edouard Baer, mais Poulet aux prunes demeure malheureusement trop inégal.

par Robert Hospyan

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