Pédale dure
France, 2004
De Gabriel Aghion
Scénario : Gabriel Aghion, Bertrand Blier, Pierre Palmade, Patrick Timsit
Avec : Dany Boon, Gérard Darmon, Jacques Dutronc, Michèle Laroque
Photo : Jean-Marc Fabre
Musique : Jean-Claude Petit
Durée : 1h30
Sortie : 20/10/2004
Marie porte dans son ventre le futur enfant de Loïc et Seb, un couple homo. Mais Marie a fait la connaissance d’un mystérieux hétéro qui risque désormais de briser l’équilibre de leur ménage à trois…
LES PIPELETTES
Une pierre de plus dans l’édifice branlant de la comédie en France. Huit ans après Pédale Douce, Gabriel Aghion revient avec une non-suite de son succès, en l’occurrence un spin-off qui ne conserve comme élément commun que les personnages de Michèle Laroque et Dominique Besnehard. En un peu moins d’une décennie, les préoccupations ont changé: Pédale douce s’intéressait au placard, Pédale dure au tiroir (et au polichinelle qui va dedans). Parler d’homo-parentalité est un but noble, et un sujet encore peu défraîchi, et il est d’autant plus regrettable que Aghion s’y prenne si maladroitement. Pendant que Marie Hagutte (Laroque) porte l’enfant de Dany Boon et Gérard Darmon, les deux papas se font un sang d’encre, Darmon allant jusqu’à croire qu’il est lui-même enceint. En résulte moult scènes surfaites et répétitives qui présentent le couple sous la pire lumière du cliché. Choisir Darmon pour jouer un gay était audacieux, on pouvait s’attendre à une vision iconoclaste et originale de l’homosexualité. Mais, une fois n’est pas coutume, Darmon ne fait pas du Darmon. Il fait du gay. Chaque personnage secondaire, sans exception aucune, n’est jamais montré comme autre chose qu’une folle émotive et fantaisiste. La présence de Bertrand Blier au scénario laisse pantois: Pédale dure ne respire ni la finesse (sauf dans quelques scènes, assez réussies, avec Jacques Dutronc), ni le souffle auquel nous avait habitués l’auteur de Tenue de soirée (qui, pour le coup, ressemble plus à l’auteur des Côtelettes). Le film semble entièrement avoir été conçu comme une pièce de théâtre, pas tant dans le filmage que dans la mise en scène de l’humour: un personnage tape à la porte, on fait sortir les autres invités par derrière, mais ils réapparaissent derrière une vitre en gloussant, etc. L’ensemble manque de vivacité et, bizarrement, d’ouverture sur le monde. Aghion est sans nul doute d’une sincérité extrême, et ça se sent, mais il est aussi d’une maladresse confondante. On en vient à regretter que cette prophétie ne se soit pas accomplie: "Elles sont tellement folles qu’elles ont oublié de faire le 2!".