Paranoid Park
États-Unis, 2007
De Gus Van Sant
Scénario : Gus Van Sant
Avec : Winfield Jackson, Daniel Liu, Lauren McKinney, Jake Miller, Taylor Momsen, Gabe Nevins
Photo : Christopher Doyle, Kathy Li
Durée : 1h25
Sortie : 24/10/2007
FESTIVAL DE CANNES 2007 -Alex, jeune skateur, tue accidentellement un agent de sécurité sur l'un des spots les plus malfamés de Portland, le Paranoid Park. Pourra-t-il garder le secret?
ROULEZ JEUNESSE
Au sortir de sa trilogie monumentale composée par Gerry, Elephant et Last Days, qui lui aura rapporté une Palme d’or et une considération comme il n’en a jamais connue jusqu’alors, Gus Van Sant s’offre, avec Paranoid Park, une sorte de récréation. Van Sant reprend ainsi quelques refrains formels de ses précédents films, tout en jouant sur quelques légers décalages, à l’image de la bande-son utilisée dans les couloirs du lycée, tout en faisant encore une fois appel à une musique concrète magnifiquement exploitée. Mais si Elephant suivait les traces de jeunes individus perdus dans leur micro société, Paranoid Park passe davantage de temps sur une épaule, un jeune skateur qui se fait héros d’un récit sur la perte de l’innocence, où l’envol d’une planche à roulettes est cassé net par le poids de la culpabilité et l’insoupçonnée tragédie.
SECRET SUNSHINE
Plus modeste que ses ambitieux prédécesseurs, Paranoid Park témoigne néanmoins de la capacité qu’a Van Sant pour capturer, filet à papillons au poing, ses quelques secondes de grâce suspendue, de beauté brute, d’une rare et précieuse hypersensibilité, et qui offre quelques instants magiques comme la scène folk où les lettres amères sont jetées au feu. A ceci s'ajoute le travail magnifique de Christopher Doyle à la photo (la scène sublime de la douche où le héros pourrait disparaître en même temps que la lumière s'efface sur son visage), et nous avons un film qui, même mineur, moins dense, moins inventif, s’avère visuellement plus fort que 90% de ce qui sort de la production américaine actuelle. La scène de l’accident, en étrange rupture sanglante, illustre surtout une liberté de ton, esprit libre qui rappelle parfois celui qui anime Mala Noche, libre mais maîtrisé, qu’on attend de voir s’aventurer dans d’autres prés mais qui demeure ici poète et souverain.