Panic Room
États-Unis, 2002
De David Fincher
Scénario : David Koepp
Avec : Jodie Foster, Jared Leto, Kristen Stewart, Forest Whitaker, Dwight Yoakam
Durée : 1h48
Sortie : 24/04/2002
Meg Altman, récente divorcée, emménage avec sa fille Sarah dans l'immense demeure d'un milliardaire décédé. Ce dernier, paranoïaque, a fait aménager au dernier étage une chambre de survie, une salle secrète dotée d'un réseau vidéo. La première nuit, trois hommes s'introduisent dans la maison, cherchant la fortune cachée du milliardaire. Meg et Sarah se réfugient dans la "Panic Room". Hélas, le butin convoité par les cambrioleurs se trouve précisément dans cette pièce imprenable.
Transformer un projet mineur en film majeur, détourner un exercice de style en oeuvre personnelle, c'est l'apanage des grands cinéastes, des génies du 7ème art. David Fincher prouve avec Panic Room, le cinquième opus d'une filmographie forte et cohérente, qu'il est bien l'un des rares metteurs en scène capable par sa maîtrise de l'art cinématographique de transfigurer un genre - ici le thriller en huis-clos - pour donner une éclatante leçon de cinéma. Avec Seven, il avait livré l'ultime film de serial-killer. Avec Panic Room, il clôt définitivement le chapitre thriller paranoïaque en signant un grand film hitchcockien, un hommage au maître anglais du suspense et à son fils spirituel, Brian de Palma.
Dès le générique, dès les premières mesures d'un Howard Shore en grande forme, Panic Room installe une ambiance fantastique angoissante, presque malsaine. David Fincher nous fait ressentir l'angoisse urbaine dès la scène d'exposition rapide mais détaillée qui permet d'appréhender le cadre des futurs évènements. Cette mise en place de l'intrigue par l'exposé du lieu n'est pas sans rappeler celle de Shining de Stanley Kubrick, référence évidente du cinéma de David Fincher. Le metteur en scène de Fight Club est un illustrateur lucide du monde contemporain. Il met à jour les failles de l'homme urbain, sa paranoïa, son désir de surveillance, son absence de communication, sa peur d'autrui. Même si le genre du film parait mineur, la personnalité de David Fincher transparaît dans chaque plan, chaque mouvement de caméra. Comme dans ses films précédents, le héros est pris au piège d'une mécanique parfaitement huilée. Pour sortir de ce jeu infernal, il devra retrouver sa violence, son agressivité, son animalité.
La réalisation de David Fincher est sublime, virtuose. Le long plan séquence de l'intrusion des cambrioleurs, le découpage des scènes d'action, l'utilisation d'effets 3D accentuent la sensation d'étouffement des personnages et rendent le spectateur claustrophobe. On pourra certes critiquer l'abus d'effets numériques, mais ceux-ci ont une fonction - créer une ambiance fantastique - et David Fincher prend visiblement beaucoup de plaisir à imaginer et réaliser l'impossible. Non seulement il est un metteur en scène de génie mais il est aussi, et on a souvent tendance à oublier cela, un excellent directeur d'acteurs. Jodie Foster, sportive et sexy, interprète à la perfection cette femme urbaine "qui a la rage". Forest Whitaker, Dwight Yoakam et Jared Leto sont le parfait trio de cambrioleurs peu expérimentés, parfois drôles, parfois touchants, toujours dangereux et imprévisibles.
Bien sûr, tout cela serait vain sans un excellent scénario. Le scénariste David Koepp, (L'Impasse, Jurassic Park) exploite chaque détail, chaque situation du genre, pour créer une mécanique implacable. Tout est logique, tout s'emboîte parfaitement, aucun rebondissement ne paraît accessoire ou fabriqué. L'excellente idée de créer 3 cambrioleurs amateurs qui n'ont pas de longueur d'avance sur le spectateur, permet à celui-ci de réfléchir avec eux sur le meilleur moyen pour entrer dans la Panic Room. Bref, à un détail près du scénario, qui agacera les spectateurs les plus rationnels, le film était presque parfait.