Orgueil & préjugés
Pride and Prejudice
Royaume-Uni, 2005
De Joe Wright
Scénario : Deborah Moggach, Emma Thompson d'après d'après l'oeuvre de Jane Austen
Avec : Brenda Blethyn, Judi Dench, Keira Knightley, Matthew MacFadyen, Jena Malone, Rosamund Pike, Donald Sutherland
Photo : Roman Osin
Musique : Dario Marianelli
Durée : 2h07
Sortie : 18/01/2006
Dans la campagne anglaise de la fin du XVIIIe siècle, les sœurs Bennet, issues d’une famille désargentée, vivent leurs premiers émois amoureux sous le regard pressant de leurs parents. Alors que l’aînée Jane ne tarde pas à s’attirer les faveurs de leur nouveau et riche voisin Charles Bingley, l’ami de ce dernier, Fitzwilliam Darcy, qui voit d’un mauvais œil cette union, se heurte au caractère trempé de la deuxième sœur, Elizabeth.
COUP DE FOUDRE A L’ANGLAISE
Pour son premier long métrage, Joe Wright fait son entrée par la grande porte. Ecrin de satin pour ce film nommé aux Golden Globes et sur la sellette pour les Oscars, l’œuvre de Jane Austen est l’un des romans les plus populaires de la littérature anglaise. Son histoire intemporelle et son aspect précurseur des comédies romantiques féminines et féministes a inspiré bon nombre d’auteurs dans divers domaines artistiques comme récemment le roman culte Bridget Jones ou le dernier film de Gurinder Chaddah Coup de foudre à Bollywood (Bride and Prejudice en anglais). Malgré sa renommée, cette œuvre majeure n’avait connu jusqu’à présent que deux adaptations cinématographiques: un long métrage en 1940 et un téléfilm de la BBC devenu culte en 1995. S’il n’atteint jamais la puissance du Raison et sentiments d'Ang Lee, adapté également de Jane Austen, cet Orgueil et préjugés reste très appréciable notamment grâce à quelques idées visuelles et scénaristiques et un casting très bien choisi. Joe Wright revisite le roman, lui donne un nouveau souffle, cherchant à mettre en avant son discours très moderne. Il s’interroge sur les clichés et les codes des films d’époque, à la manière d’une Jane Austen ou d’une Elizabeth Bennet disséquant avec un regard critique des plus habiles les us et coutumes de leur temps.
Chez le jeune réalisateur, la campagne anglaise de la fin du XVIIIe siècle est à la fois bucolique et rustique, romantique et bruyante, les robes sont mitées et hâtivement réajustées, les héroïnes osent le marron sale et les bottes crottées. Le choix de Keira Knightley pour interpréter Elizabeth Bennet est assez représentatif de cette ligne de conduite. Rompant avec la physionomie typique des demoiselles de l’époque, la silhouette filiforme et le visage anguleux de l’actrice soulignent le caractère trempé de Lizzie et son aspect garçon manqué. Un personnage à part qui se démarque ainsi de son entourage aussi bien moralement que physiquement. Parfaitement convaincante dans son rôle, et portée par une troupe de sœurs exemplaires, Keira Knightley s’est vue récompensée d’une nomination aux Golden Globes. Exigeante et bourrée d’orgueil, Lizzie enferme ses secrets à double tour pour ne laisser apparaître que de l’impertinence, de l’arrogance et du dédain face aux préjugés et aux maladresses de Fitzwilliam Darcy. Sans jamais sombrer dans le sentimental larmoyant et fade, la romance tumultueuse qui naît peu à peu entre ces deux êtres trouve son apogée dans une déclaration d’amour finale totalement irréelle mais superbement mise en scène et interprétée. Darcy, chemise ouverte, laisse enfin parler ses sentiments et fait chavirer le plus imprenable des cœurs. On regrettera sur l’ensemble quelques petites longueurs et baisses de rythme.