My Name Is Khan
Inde, 2010
De Karan Johar
Scénario : Shibani Bathija
Avec : Kajol, Shah Rukh Khan
Photo : Ravi K. Chandran
Musique : Shankar-Ehssan-Loy
Durée : 2h45
Sortie : 26/05/2010
Rizvan Khan est un enfant musulman qui a grandi avec sa mère dans le Borivali de Mumbai en Inde et qui souffre du syndrome d'Asperger. À l'âge adulte, Rizvan tombe amoureux d'une coiffeuse Mandiraavec qui il se marie et le couple s'installe à San Fransisco. Après le 11 septembre 2001, il est pris pour un terroriste car son handicap le rend suspect. Après son arrestation, il essaye de rencontrer le président des États-Unis afin de retrouver l'amour de sa femme.
HOLDING OUT FOR A HERO
Ca fait déjà quelques années que les blockbusters indiens à visée internationale ne se tournent plus vers l’Angleterre, terrain conquis depuis longtemps, mais vers les Etats-Unis, s’adressant à une population immigrée de plus en plus importante. Après New York Masala, Dostana, et même New York tout court (qui parlait déjà de racisme et terrorisme), voici donc venir ce My Name Is Khan, avec ses arguments de poids : couple d’acteurs méga stars (le grand retour de Kajol sur les ecrans), employés à nouveau par un réalisateur de référence (à qui l’on doit entre autres La Famille indienne , Kuch Kuch Hota Hai , et le scénario de New York Masala), et sujet aussi ambitieux qu’inattendu (le terrorisme international du point de vue des musulmans).
Passé l’introduction un peu maladroite, le film commence pourtant très loin du véhicule à performance lourdingues qu’on pouvait craindre, et laisse place à une comédie romantique relativement classique (mais pas musicale ! comme le laisse supposer le sérieux du projet, ici on ne chante pas), mais tout ce qu’il y a de plus réussie, notamment grâce aux acteurs qui parviennent à ne pas en faire trop avec pourtant des personnages over the top. Shahrukh Khan livre d’ailleurs une performance bizarrement plus sobre que son numéro de lover habituel qu’on commençait à bien connaitre.
Ce qui fait la force et la particularité des films de Bollywood (et qui les rends trop souvent naïfs aux yeux occidentaux), c’est cette foi inébranlable dans le premier degré le plus simple et le plus efficace. Cette absence de cynisme rend cette première partie tout aussi attachante que les grands films-référence du genre. Puis le long métrage s’attaque peu à peu et avec le plus grand sérieux à des sujets tous plus casse-gueules (et assez improbables) les uns que les autres (le 11 septembre, l’islamophobie, le conflit israélo-palestinien, les femmes voilées, et même Katrina !), le tout traité de la manière la plus mélodramatique possible. Et à partir de là, c’est un peu quitte ou double. L’inébranlable sérieux de cette escalade d’héroïsme force un peu l’admiration, mais à force de vouloir répondre par un sourire à tous les problèmes politiques, le film vire à la naïveté flagrante et rentre dans son final dans les eaux ambigües (mais pas honteuses), du plaisir un peu coupable.
Gregory Coutaut