Mud
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États-Unis, 2012
De Jeff Nichols
Scénario : Jeff Nichols
Avec : Matthew McConaughey, Michael Shannon, Tye Sheridan, Reese Witherspoon
Musique : David Wingo
Durée : 2h10
Sortie : 01/05/2013
Ellis et Neckbone, 14 ans, découvrent lors d'une de leurs escapades quotidiennes, un homme réfugié sur une île au milieu du Mississipi. C'est Mud : une dent en moins, un serpent tatoué sur le bras, un flingue et une chemise porte-bonheur. Mud, c'est aussi un homme qui croit en l'amour, une croyance à laquelle Ellis a désespérément besoin de se raccrocher pour tenter d'oublier les tensions quotidiennes entre ses parents. Très vite, Mud met les 2 adolescents à contribution pour réparer un bateau qui lui permettra de quitter l'île. Difficile cependant pour les garçons de déceler le vrai du faux dans les paroles de Mud. A-t-il vraiment tué un homme, est-il poursuivi par la justice, par des chasseurs de primes ? Et qui est donc cette fille mystérieuse qui vient de débarquer dans leur petite ville de l'Arkansas ?
POUR PATAUGER DANS LA GADOUE
Valeur montante du cinéma américain après deux premiers longs métrages remarqués, Shotgun Stories et Take Shelter (ce dernier remportant le prix de la Semaine de la Critique l'an passé), Jeff Nichols s'est tout naturellement plongé dans le grand bain de la compétition cannoise avec Mud. Nichols dessine à nouveau la carte de l'Arkansas, choisit un nouvel antihéros au bord de la société. Mais Mud perd aussi toute la tension qui pouvait habiter ses deux précédents films. Celui-ci embrasse le folklore d'une Americana à la nature grouillante et habitée (on parle de loup-garou, on apparaît comme un fantôme, on raconte des légendes au sujet des serpents). Mais Mud délaisse la singularité de son exposition (deux gamins arrivent sur une île comme pour une chasse au trésor et découvrent un bateau perché dans les arbres) pour un film archi-conventionnel.
On pourra parler de classicisme bon teint au sujet de Mud. Mais ses figures ne vivent pas, qu'il s'agisse du sempiternel gamin qui engueule les adultes pour leur apprendre à vivre, du marginal écorché platement interprété par Matthew McConaughey, et du personnage joué par Reese Witherspoon, qui rejoint le panier des méga-potiches trouvées à Cannes quelques jours plus tôt dans Des hommes sans loi. Il y a finalement plus de profondeur dans le regard que Nichols porte sur la nature. Les utopies d'une autre Amérique s'étirent sur plus de deux heures tournant au fastidieux roman d'apprentissage qu'on a l'impression d'avoir vu 100 fois. Comme ce dénouement pétaradant. Comme ce signe de la tête de la jolie fille d'en face. La présence en compétition cannoise d'un long métrage aussi stéréotypé nous semble un honneur bien trop grand.
