Monsieur N
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France, 2003
De Antoine De Caunes
Scénario : René Manzor
Avec : Stéphane Freiss, Richard E. Grant, Bruno Putzulu, Philippe Torreton, Roschdy Zem, Elsa Zylberstein
Durée : 2h00
Sortie : 12/02/2003
En 1840, à Paris, le général anglais Heathcote assiste au retour des cendres de l'Empereur aux Invalides. Il se souvient du temps où, jeune officier à Sainte-Hélène, il fut témoin des multiples intrigues qui jalonnèrent les derniers instants de la vie de l'Empereur sur cette île balayée par les vents.
MYSTERE N
Après Clavier et en attendant Al Pacino, dans Betsy and the Emperor, de Patrice Chéreau, Philippe Torreton endosse les habits de Napoléon devant la caméra d'Antoine de Caunes. Ce film n'est pas réservé aux historiens poussiéreux et autres napoléonophiles, ici pas de discours didactique sur l'histoire napoléonienne, mais un jeu de piste ludique sur les derniers mois de la vie l'Empereur, sur l'île de Sainte-Hélène. De Caunes et son scénariste René Manzor (Le Passage) ont choisi de nous conter cette biopic sous l'angle d'une enigme policière basée sur un fait historique. Ce fait, le voici: au moment de l'ouverture des deux tombes françaises à Sainte-Hélène, celle de Napoléon et de son ami corse Cipriani pour le rapatriement des cendres, le corps de Cipriani avait disparu. A partir de cet élément troublant, De Caunes batit l'intrigue de ce thriller d'un nouveau genre, en utilisant les flash-backs et en multipliant les points de vue de l'affaire.
C'est là un des points faibles de l'oeuvre, De Caunes se perd parfois dans les entrelacs de son scénario. De plus, cette multitude de fausses pistes entraîne la multiplication des protagonistes, aussi certains des personnages sont-ils vaguement esquissés. Heureusement, dans le dernier quart du film, l'intrigue se recentre et se conclut par une superbe fin ouverte à l'interprétation de chacun.
MISTER N
La mise en scène de De Caunes se hisse à la hauteur des ambitions du projet, et la photo trés contrastée, à la limite du gothique (notamment dans les intérieurs), de Pierre Aïm renforce l'aspect film noir de Monsieur N.. L'autre enjeu de ce film, c'est l'interprétation de Philippe Torreton. Comment allait-il se démarquer de la longue liste des acteurs l'ayant précédé dans ce rôle et éviter les clichés? Philippe Torreton arrive ainsi par d'infimes nuances à esquisser un Napoléon inédit, à la fois plus humain et plus mystérieux. Avec son metteur en scène, il privilégie l'épopée intimiste sur la grande Histoire. Par contre, les auteurs ont un peu trop tendance à glisser dans la bouche de l'Empereur des bons mots tous droit sortis du petit dictionnaire des citations napoléoniennes. Malgré cette réserve, le jeu de Torreton reste remarquable et contribue à la modernité de cette oeuvre qui échappe aux lieux communs liés aux films d'époque.
