Mon ange

Mon ange
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Mon ange
France, 2004
De Serge Frydman
Scénario : Serge Frydman
Avec : Thomas Fersen, Eduardo Noriega, Vanessa Paradis, Claude Perron, Vincent Rottiers, Eric Ruf
Durée : 1h34
Sortie : 19/01/2005
Note FilmDeCulte : *****-

Prostituée à Amsterdam, Colette va chercher dans un hôpital pour enfants le fils d’une collègue décédée. Celui ci, Billy, se met à la suivre partout, s’entiche d’elle, alors qu’elle cherche un géniteur pour son futur enfant.

PRISE EN FLAGRANT DELIRE

On connaît désormais le goût évident de notre plus jeune star (dans le sens le plus noble et non académicien du terme) française pour les personnages à la gouaille certaine, et celui-ci ne déroge pas à la règle. Sorte de prolongation du Mathilde du joli Noces blanches, ou de Elisa, personnage à la lucidité sans cesse à fleur de peau, au désenchantement permanent, elle évolue ici au milieu d’un monde urbain et coloré qui n’est pas sans rappeler les tableaux filmés de Fassbinder (toute proportions gardées). Vanessa Paradis a ce talent, cette force, d’imposer pour le meilleur et pour le pire sa patte aux films dans lesquels elle joue, d’en dessiner les contours par sa seule présence, et Serge Frydman, dont c’est le premier long métrage, ne peut faire grand chose contre ça et s’imposer face à une telle présence. Pendant une demi-heure, le film ne se résume qu’à un festival Vanessa Paradis. Elle est de tous les plans, de tous les dialogues, et pas un seul des mots qui sortent de sa bouche n’est écrit dans le seul but de titiller l’oreille, d’accrocher, de faire rire ou sourire. Trop de punch lines tuent les punch lines, c’est bien connu, et les dialogues fleurent bon l’écriture trop appliquée. L’histoire se met difficilement en place, le jeune Vincent Rottiers a décidément du mal à trouver ses marques, et la mise en scène se fait incertaine, hésitant parfois entre la rigueur de la caméra à l’épaule et la fluidité poétique de lents travellings (très beau premier plan). C’est ainsi presque miraculeusement que le film parvient à se sortir la tête haute de cette pénible première demi-heure.

MA PROSTITUEE FAIT "YEAAAH"

Doucement, lentement, le dispositif et le parti pris poétiques se mettent en place, et le film trouve sa vitesse de croisière au fur et à mesure que les deux personnages principaux se rapprochent l’un de l’autre. L’intrigue "policière" est rapidement rejetée et le film de se concentrer sur l’idylle qui unit Colette et Billy. Quelques instants fugaces, quelques scènes d’une fulgurante beauté, un épilogue admirable de douceur et d’une belle harmonie, des dialogues qui se font progressivement plus lyriques et plus touchants (les "spéculations" sur les rêves), deux acteurs qui trouvent leurs marques alors que les personnages secondaires sont volontairement et salutairement négligés… Mon ange est au final un très joli film que l’on dirait presque débarqué de nulle part, une œuvre modeste dans le bon sens du terme, qui parvient à aller au bout des objectifs que son cinéaste semble s’être fixé. Et Vanessa, au final? Elle finit elle aussi avec les honneurs, plus belle que jamais, devenue indéniablement femme au physique incertain et toujours plus inhabituel. Si elle a du mal au début à se débarrasser de ses oripeaux et de ses tics d’actrice, elle finit par se fondre merveilleusement dans la peau de son personnage au point de parvenir sans problème à émouvoir à de multiples reprises. Bizarrement, le film ne peine pas à remporter l’adhésion, alors qu’il partait sur des bases peu fameuses. Une véritable curiosité, et de ce fait une petite attente pour le prochain film du réalisateur.

par Anthony Sitruk

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