Les Misérables
Royaume-Uni, 2012
De Tom Hooper
Scénario : William Nicholson
Avec : Sacha Baron Cohen, Helena Bonham-Carter, Russell Crowe, Anne Hathaway, Hugh Jackman, Amanda Seyfried
Photo : Danny Cohen
Durée : 2h37
Sortie : 13/02/2013
Dans la France du 19e siècle, une histoire poignante de rêves brisés, d'amour malheureux, de passion, de sacrifice et de rédemption : l'affirmation intemporelle de la force inépuisable de l'âme humaine. Quand Jean Valjean promet à Fantine de sauver sa fille Cosette du destin tragique dont elle est elle-même victime, la vie du forçat et de la gamine va en être changée à tout jamais.
THE ROBBERY
Depuis sa création en 1980 par le duo français Claude-Michel Schönberg et Alain Boublil, l’adaptation musicale du roman de Victor Hugo a fait du chemin. Flop retentissant dans les théâtres français, elle est traduite et exportée outre-manche sous la houlette du producteur Cameron Mackintosh (Cats, Le Fantôme de l’Opéra…). Les Misérables débute dans le West End en 1985 et ne quittera jamais l’affiche, devenant le spectacle musical ayant connu la plus longue exploitation sur scène. Succès oblige, on parle d’une adaptation cinématographique dès 1988 qui serait dirigée par Alan Parker, mais rien ne prend forme.Le projet traine, s’empêtre, disparait, change de producteur et refait surface en 2011. Le buzz monte à l’annonce du casting qui semble parfait sur le papier. Derrière Jean Valjean, Fantine, Javert et Cosette, quatre acteurs ayant débuté leur carrière dans des productions musicales. Si l’on pouvait déplorer le manque d’originalité d’une énième adaptation de musical, on avait au moins droit pour une fois à une distribution alléchante et plus qu’adéquate. Mais ceci était sans compter sur la présence de Tom Hooper derrière la caméra.
Attaché au projet juste après sa victoire discutable aux Oscars 2011, le réalisateur propose une mise en scène des solos musicaux très intimiste qui tombe à plat. Voulant coller à l’idée de la performance théâtrale, Hooper a tenu à enregistrer les chansons en live pour capter le jeu des acteurs sur l’instant. Si le concept était louable, le résultat l’est beaucoup moins. Filmant tous les solos en gros plan, il enlève un des éléments principaux de la représentation scénique: la distance entre l’interprète et le spectateur. Sous la direction de Tom Hooper les acteurs cabotinent, laisse le chant déformer leurs visages de façon ridicule, donnant un aspect totalement factice à leurs émotions. Après un premier tiers un poil indigeste à cause du systématisme de l’exercice, le film respire enfin lorsqu’il s’attarde sur les insurgés républicains. Les moments intimes sont balancés par de grandes envolées sur les scènes de foules les rendant beaucoup moins lourds. Et on peut enfin rentrer dans le film, s’attacher aux personnages et s’émouvoir en les écoutant chanter le fameux "Do you hear the people sing ?".