Michael Clayton
États-Unis, 2007
De Tony Gilroy
Scénario : Tony Gilroy
Avec : George Clooney, Sydney Pollack, Tilda Swinton, Tom Wilkinson
Photo : Robert Elswit
Musique : James Newton Howard
Durée : 1h59
Sortie : 17/10/2007
La multinationale agrochimique U/North est sur le point de conclure un accord à l’amiable sur une affaire de négligence industrielle potentiellement dévastatrice. Mais au dernier moment, l'un des associés du cabinet d’avocats recruté par U/North craque et menace de tout dévoiler. Son collègue Michael Clayton est chargé de calmer les esprits et discrètement ramener l’affaire dans le droit chemin.
THE ADJUSTER
Placé sous la figure tutélaire de Sydney Pollack, acteur et producteur, Michael Clayton rappelle inévitablement le cinéma-dossier américain des années 70. Un homme seul face à des forces tentaculaires va devoir choisir entre devoir et éthique; la formule n’est pas neuve et connaît ces dernières années une belle renaissance. Le réalisateur Tony Gilroy, scénariste à succès (les trois Bourne, notamment), part de ce canevas pour assez vite oublier l’ennemi (ici, une multinationale agrochimique qui cache sa responsabilité dans la mort d’innocents) et se focaliser sur une série de portraits. Tout d’abord ce Michael Clayton, un fixer dans un gros cabinet d’avocats qui a pour charge d’arrondir discrètement les angles sur les affaires épineuses (George Clooney, efficace, comme toujours); Arthur Edens, un associé de Clayton qui pète les plombs et veut dévoiler le pot aux roses, que campe admirablement Tom Wilkinson; et enfin Karen Crowder (Tilda Swinton), une ambitieuse cadre chez U/North qui voit sa carrière se jouer sur la bonne résolution du litige.
La manière qu’a le film de prendre la tangente par rapport au synopsis de base, allant jusqu’à presque ignorer les tenants et les aboutissants des méfaits causés par la multinationale, le rend moins immédiatement séduisant qu’un Révélations, auquel il fait constamment penser. Mais ce que Michael Clayton manque en limpidité, il le compense par sa grande intelligence et, on l’a vu, son attachement extrême à ses personnages: de la part d’un scénariste hollywoodien, c’est une très bonne nouvelle. Très libre dans sa forme, le film fait l’objet d’un travail original sur le rythme par le monteur John Gilroy, par ailleurs frère du réalisateur. Même s’il est parfois un peu sec, parfois un peu longuet, Michael Clayton reste admirable par sa confiance en lui-même et, surtout, celle qu’il a en le spectateur. Gris (dans la forme comme dans le fond), sous-entendu plus qu’épelé, adulte et dense: rarement un ersatz de thriller engagé des années 70 aura renvoyé avec autant de force aux rythmes et à l’exigence narrative de l’époque.