L’Ennemi public n°1
France, 2008
De Jean-François Richet
Scénario : Abdel Raouf Dafri, Jean-François Richet
Avec : Mathieu Amalric, Vincent Cassel, Olivier Gourmet, Gérard Lanvin, Samuel Le Bihan, Ludivine Sagnier
Photo : Robert Gantz
Musique : Marco Beltrami, Marcus Trumpp
Durée : 2h10
Sortie : 19/11/2008
1972. Jacques Mesrine revient en France. Le braqueur va devenir une légende…
L’INSTINCT DE MORT N°2
Le succès de L’Instinct de mort semble avoir récompensé le pari ambitieux de Thomas Langmann : deux films et un peu plus de 4 heures pour raconter Jacques Mesrine. De sa participation à la Guerre d’Algérie jusqu’à son assassinat vingt ans plus tard, le diptyque voit large et propose une biographie très complète du truand. Après un premier épisode qui revenait sur les années 59-72 et montrait le passage du petit bourgeois à la petite frappe, L’Ennemi public n°1 est le vrai film sur Mesrine que l’on attendait. Le premier volet semblait patiner un peu, légèrement dispersé, accordant au final trop de temps à certains événements qui auraient pu être condensés. La suite et fin est d’emblée plus intéressante en abordant un Mesrine au faîte de sa gloire, qui cumule ses plus célèbres faits d’arme et vire peu à peu en égérie tordue de l’extrême gauche. C’est un deuxième volet plus vivant et plus tendu que nous offre Richet, même si le film n’échappe pas aux défauts qui ternissaient le premier film.
EPISODIQUE
Comme dans L’Instinct de mort, Jean-François Richet signe une mise en scène nerveuse appuyée par de bons (et nombreux) acteurs, ainsi qu’un travail de reconstitution assez admirable. Mais les défauts qui parasitaient le premier film sont encore là. : L’Ennemi public n°1 paraît un peu épisodique, sautant d’un événement à l’autre sans creuser les personnages qui gravitent autour de Mesrine, notamment ses nombreux lieutenants qui n’arrêtent de se succéder, tous joués par des acteurs célèbres (Le Bihan, Amalric, Lanvin…). D’après Vincent Cassel, la première mouture du projet, alors sous l’égide de Barbet Schroeder, « héroïsait » le personnage. C’est tout à l’honneur de Langmann d’avoir opté pour une voie plus neutre en suivant le script d’Abdel Raouf Dafri qui essaie de comprendre les errances du braqueur. Mais l’éclatement de l’intrigue, très détaillée, très riche, empêche le film de se recentrer et gomme presque les évolutions du personnage. Le soldat sanguinaire en Algérie devient l’égérie d'un pseudo marxiste révolutionnaire. Est-ce qu’il faut comprendre… qu’il n’y a rien à comprendre ? Au bout de quatre heures de film, le mystère Mesrine ne se sera pas éclairci. Les deux films de Richet composent en somme une excellente et très dense biographie. Mais pour le portrait, on repassera.