Mensonges d'état
Body of Lies
États-Unis, 2008
De Ridley Scott
Scénario : William Monahan d'après l’ouvrage de David Ignatius
Avec : Russell Crowe, Leonardo DiCaprio, Mark Strong
Photo : Alexander Witt
Musique : Marc Streitenfeld
Durée : 2h08
Sortie : 05/11/2008
Deux agents de la CIA mènent l'enquête en Jordanie sur la trace d'un terroriste d'Al Qaida.
ONLY THE STRONG SURVIVES
Depuis sa résurrection avec Gladiator il y a maintenant huit ans, Ridley Scott n’a cessé d’alterner films ambitieux et films moindres. Ainsi Gladiator était suivi d'Hannibal qui était suivi de La Chute du faucon noir, puis Les Associés, Kingdom of Heaven, Une grande année et American Gangster. Film de guerre, épopée historique et polar d’époque étaient réussis là où le thriller horrifique, la comédie d’arnaqueurs ou dramatique s’avéraient plutôt moyens. Avec Mensonges d’état, le cinéaste enfreint sa règle et réalise un film anodin à partir d’un sujet ambitieux. Visuellement, l’ouvrage est certes correct mais à la vue du résultat, on se demande où est Scott. Aucun véritable morceau de bravoure, aucune idée de mise en scène qui émerge du tout, pas d’ambiance… Et thématiquement, le film paraît tout aussi impersonnel. Le scénariste William Monahan semble vouloir combiner ses deux réussites, Kingdom of Heaven et Les Infiltrés, la volonté d’avoir un propos et l'envie d’un thriller divertissant, mais n’est jamais abouti dans un domaine comme dans l’autre. Le récit apparaît dénué d'enjeu alors qu'il aborde terrorisme, espionnage, religion, relations interraciales, etc. Même au niveau des performances, il y a de quoi être déçu. Russell Crowe, tout en bonhommie bedonnante et passablement arrogante, symbolise l’Amérique mais son rôle est trop caricatural pour être porteur. Quant à Leonardo DiCaprio, lui aussi remplit son contrat mais reste dans une gamme trop similaire aux Infiltrés ou à Blood Diamond. Tous deux se font voler la vedette par un Mark Strong bien plus charismatique. Un acteur britannique qui monte depuis quelques années et qui bénéficie ici du meilleur personnage. Le film est loin d’être honteux mais ne se différencie pas tellement de ses prédécesseurs du même genre (Le Royaume par exemple) et l’ensemble sonne assez fonctionnel, même si un certain luxe évite l’ennui.