Massacre à la tronconneuse

Massacre à la tronconneuse
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Massacre à la tronconneuse
The Texas Chainsaw Massacre
États-Unis, 2002
De Marcus Nispel
Scénario : Kim Henkel, Scott Kosar
Avec : Eric Balfour, Jessica Biel, David Dorfman, Erica Leerhsen, Jonathan Tucker, Mike Vogel
Durée : 1h38
Sortie : 21/01/2004
Note FilmDeCulte : ****--

1973. Quatre jeunes dans un van sur les routes du Texas, une auto-stoppeuse, une famille de cinglés, le massacre peut commencer.

LE MASSACRE N’A PAS EU LIEU

Dire que l’on attendait ce nouvel opus apporté à la saga sanglante des aventures de Leatherface avec autant d’impatience que de crainte, tient du doux euphémisme. Impatience de voir un producteur connu et généralement haï des cinéphiles (Michael Bay, réalisateur des deux Bad Boys, de Pearl Harbor…) se planter en toute beauté dans la fange des remakes qui n’auraient jamais dû voir le jour. Impatience également d’assister à, pourquoi pas, une jolie surprise, un film qui approfondit l’original tout en l’ignorant, qui en reprend certains thèmes pour les réactualiser tout en modernisant visuellement une histoire vieille de trente ans (le chef d’œuvre de Tobe Hooper, bien que n’ayant pas pris une seule ride, date tout de même de 1973). Crainte surtout d’assister à un sous-Scream qui enfoncerait auprès des spectateurs les plus jeunes l’original dans l’oubli le plus total. A toutes ces réserves, Marcus Nispel, dont le nom sera désormais à suivre, répond de la plus belle des façons par une œuvre personnelle, visuellement splendide (le chef opérateur Daniel Pearl officiait déjà sur le film de Hooper), cumulant les moments de suspense, les instants de terreur, et surtout de violents plans gores. Et si le modèle Bay reste prégnant dans certaines scènes pompeuses (on pense notamment à ce plan hallucinant de bêtise et de prétention dans lequel la caméra passe à travers la tête d’un personnage), il sait se faire discret, voire même parfois ironique.

Malheureusement, malgré l’ambiance poisseuse et la tension distillée durant la quasi totalité du métrage, malgré les quelques innovations scénaristiques parfois astucieuses (joli renouvellement de la scène de l’auto-stoppeur qui devient ici une auto-stoppeuse), le film ne parvient pas réellement à convaincre. La faute principalement à une famille tronçonneuse bien trop remplie qui ne laisse guère l’occasion ou la possibilité au réalisateur d’explorer chacun de ses membres. Si le personnage de Leatherface trouve ici une certaine grâce, si celui du shérif est proprement terrifiant, les quelques autres (l’enfant, la grand-mère…) ne servent strictement à rien si ce n’est à peupler une galerie de freaks. Par ailleurs, le contenu social et critique du premier épisode étant ici totalement mis de côté, l’on déplorera facilement un manque certain de profondeur et de cynisme. Exit les références perpétuelles à la hausse du chômage. Oublié le détail de la famille dans laquelle la génération intermédiaire (celle des parents) n’existe pas. Le massacre version 2004 est un film d’horreur brutal, parfois astucieux, mais creux, sans véritable arrière-plan. Et s’il subsiste de très belles scènes, si la plastique de Jessica Biel fait largement illusion, l’on regrettera sérieusement la trop grande frilosité du cinéaste qui tout simplement n’ose pas. N’ose pas notamment se confronter à la fameuse scène du repas. C’est dommage, certes. Il reste néanmoins la surprise d’avoir assisté à un spectacle de qualité. Avouons que nous n’en attendions pas tant, loin de là.

par Anthony Sitruk

En savoir plus

Trois suites ont été ajoutées au chef d’œuvre de Tobe Hooper. La première, sobrement intitulée Massacre à la tronçonneuse 2, a été réalisée en 1986 par le même metteur en scène. Excessivement gore, à l’inverse de l’originale, elle va bien plus loin dans l’humour et le mauvais goût mais peine à retrouver l’ambiance poisseuse du précédent. Produit par Menahem Golan (producteur des Van Damme, de quelques Stallone, etc.), le film fut un énorme four financier, à l’image des deux autres films de Hooper tournés pour la même compagnie (L’Invasion vient de Mars et Lifeforce). En 1990, Jeff Burr, spécialiste des suites de films d’horreur (Le Beau-père 2, Puppet Master 4 et 5, Pumpkinhead 2…) réalise un troisième segment : Leatherface. La bande annonce, visant définitivement l’effet comique, laisse craindre le pire, à juste titre. Mais c’était sans compter sur Kim Henkel, scénariste du premier et désireux d’en faire un remake. Il accède enfin à la "gloire" avec un pitoyable Return to the Texas Chainsaw Massacre dans lequel Matthew McConaughey et Renée Zellweger rivalisent de bêtise.

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