Lust, Caution

Lust, Caution
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Lust, Caution
Se jie
Chine, République populaire de, 2007
De Ang Lee
Scénario : Eileen Chang, Wang Hui Ling, James Schamus
Avec : Joan Chen, Tony Chiu-wai Leung, Tang Wei
Photo : Rodrigo Prieto
Musique : Alexandre Desplat
Durée : 2h38
Sortie : 16/01/2008
Note FilmDeCulte : *****-
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Dans les années 1940, alors que le Japon occupe une partie de la Chine, la jeune étudiante Wong est chargée d'approcher et de séduire Mr Yee, un des chefs de la collaboration avec les Japonais, homme redoutable et méfiant que la Résistance veut supprimer. Très vite, la relation entre Wong et Mr Yee devient bien plus complexe que ne l'avait imaginé la jeune femme.

L'ACTRICE ET LA PUTAIN

Après le triomphe du Secret de Brokeback Mountain, le cinéaste taïwanais Ang Lee renoue avec la veine asiatique de son œuvre en portant à l’écran le roman sulfureux de Chang Eileen. Une fois de plus, plutôt que de signer un thriller érotique convenu ou de mettre en scène une grande fresque historique sur la Chine de la seconde guerre mondiale, l’auteur de Tigre et Dragon choisit l’humain et réalise un magnifique portrait de femme incomprise ou plutôt jamais prise en considération, prisonnière de l’Histoire et de ses charmes, apprentie actrice qui déploie son jeu de séductrice comme dans un film noir hollywoodien des années 40. On pense souvent à Blackbook de Paul Verhoeven, en encore plus alambiqué tant Ang Lee et son scénariste attitré James Schamus semblent aujourd’hui s’amuser à brouiller les pistes narratives. Si la sexualité des héros de son précédent film était ainsi montrée frontalement dès le premier tiers du récit, ils retardent longuement et volontairement l’explosion de celle-ci dans Lust, Caution, comme pour mieux dresser le portrait de la jeune intrigante, et ce malgré une structure en flash-back plutôt inutile. Les scènes crues qui ont choqué la censure chinoise ne viennent finalement que valider les progrès d’actrice de la belle Wong Chia Chi, démontrer par l’absurde de son talent insensé, finalement gâché par l’irruption de la seconde guerre mondiale et la fougue résistante du jeune metteur en scène hongkongais dont elle est amoureuse.

SIMULACRES

La force d’Ang Lee est finalement de faire oublier les incohérences de son histoire pour toucher à quelque chose de plus profond au sein de la relation amour-haine des deux amants. Il construit au fil de son récit la psychologie très passive de son héroïne et nous place dans la position de M. Yee, bourreau énamourée, subjugué par un coeur qui semble toujours inaccessible. Si le segment hongkongais apparaît comme le point faible de Lust, Caution, il permet de bien appréhender l’absurdité estudiantine de l’engagement de Wong Chia Chi, prête à tout pour les beaux yeux d’un homme qui n’hésite pas à lui faire perdre sa virginité pour accéder, lui le fils de bonne famille, à la gloire patriotique et militaire. L’attirance perverse que la belle finira par éprouver pour M. Yee est aussi pour celui qui la regarde et accepte sa passion pour elle, alors que l’élu de son cœur tergiverse et finalement l’ignore comme objet de désir. Comme à son habitude, Ang Lee soigne sa mise en scène dans les moindres détails. Remarquable directeur d’acteur, il donne un rôle en or à sa jeune comédienne, la belle Wei Tang qui, comme son double de fiction, vole la vedette à l’ensemble de la distribution.

par Yannick Vély

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