Intolérance, la trilogie

Intolérance, la trilogie
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Intolérance, la trilogie
Intolerance I, II & III
, 2007
De Phil Mulloy
Scénario : Phil Mulloy
Durée : 55m
Sortie : 08/08/2007
Note FilmDeCulte : *****-

Une bobine de film est retrouvée, montrant la vie d'extra-terrestres : les Zogs. Ceux-ci sont en de nombreux points semblables aux humains, si ce n'est que la tête et les organes sexuels sont "au mauvais endroit". L'assistance qui découvre le film est outrée par l'existence d'êtres aussi scandaleux et demande l'extermination des habitants de la planète Zog. Seul Dwight Hokum sait que les Zogs ont déjà envahi la Terre. Lui seul peut sauver la planète...

L'INVASION DES PROFANATEURS D'EMBOUCHURES

Mondo Mulloy, en 2004, nous avait permis de dire tout le bien qu'on pensait du cinéaste britannique. Dans un été d'animation cerné par les hommes jaunes et les rats, la sortie en salles de la trilogie Intolérance fait office de violente piqûre de rappel: folie religieuse, veulerie des hommes, déshumanisation des rapports, bêtise panurgesque, extrême violence et même un Elvis qui chante en allemand... Phil Mulloy est de retour. Le premier volet avait déjà annoncé la couleur, il y a deux ans, faisant office d'hilarant doigt d'honneur, malpoli, acide et irrévérencieux. Ses deux sequels poursuivent le mouvement, complétant la mythologie des Zogs en s'appuyant sur les apports progressifs en moyens et technologie gagnés avec les années. La transition visuelle est d'autant plus flagrante que la copie du premier épisode commence à souffrir des outrages du temps, quand celle du troisième, fille de l'ère numérique et plus fraîchement tirée, est vierge de tout accroc.

Ce gain en qualité graphique aurait pu faire boiter le triptyque; il n'en est rien. En effet, si l'équipe et le budget ont gonflé, le projet narratif et esthétique s'est intelligemment adapté à cette progression. À la frontalité sans détour du premier volet, qui s'accordait parfaitement au minimalisme brut du trait de Mulloy, répondent les plus grandes possibilités de composition et de mise en scène des suites, qui permettent à l'intrigue de prendre une ampleur jusqu'alors impossible. L'enchaînement des trois opus se fait donc sans heurt: à mesure que l'histoire des aliens à tête de bite gagne en complexité, l'on assiste en parallèle à une constante remise en question plastique, consistant essentiellement en l'invention de la couleur et de la profondeur de champ. Le dernier épisode fait ainsi une utilisation neuve des arrière-plans, ouvrant de fait des perspectives comiques inenvisageables auparavant. En témoigne une géniale course-poursuite, opposant classiquement flics et fuyards, mais d'une folie telle que Tex Avery comme Reiser pourraient en revendiquer la paternité.

par Guillaume Massart

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