Intolerable Cruaute

Intolerable Cruaute
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Intolerable Cruaute
Intolerable Cruaulty
États-Unis, 2003
De Joel Coen
Scénario : Ethan Coen, Robert Ramsey, Joel Schumacher, Matthew Stone
Avec : George Clooney, Geoffrey Rush, Catherine Zeta-Jones
Durée : 1h40
Sortie : 19/11/2003
Note FilmDeCulte : ****--

Miles Massey est un as du barreau, spécialisé dans les contrats de mariage et les divorces par adultère. Mais lorsque l’on est célibataire endurci, et que l’on trône seul au firmament de sa profession, on finit bien inéluctablement par s’ennuyer. Alors quand une femme parvient à redonner de la vigueur à vos slips et serviettes, le show peut commencer.

QUAND JOEL RENCONTRE ETHAN

Les frères Coen semblent bien décidés à ne pas céder à la médiocrité, et s’obstinent à nous livrer tous les deux ans un métrage de qualité, se moquant éperdument des standards en vigueur à Hollywood. Soufflez-leur un policier et ils vous apporteront Fargo, commandez-leur un film d’aventures et ils vous offriront O’Brother. Un film de genre? Pas de problèmes, mais à condition de contrarier la structure, d'adjoindre des seconds rôles colorés et d’injecter des dialogues savoureux (de la musique, comme toujours chez les Coen). Ici, la comédie romantique; un genre tristement noyé dans la guimauve, la prévisibilité et l’indigence scénaristique depuis les pérégrinations multiples et inégales de Meg Ryan, et qui ne fait même plus réellement recette. Les spectateurs sont lassés, en ont plus qu’assez, et connaissent par cœur les étapes obligées que le duo star devra traverser avant de "conclure". Ils se détestent, puis s’aiment (avec répétition des deux couplets pour ceux qui tentent en vain de créer un suspense...), voilà tout, vous pouvez éteindre les lumières. Vérifiez que vous n’avez rien oublié sur votre siège. Ici, les Coen ne cherchent pas à attendrir l’audience, à tirer les larmes ou les flèches de Cupidon. Sous une couverture de classicisme absolu, ils déroulent une histoire entendue, et préfèrent l’humour à l’amour. Et comme une récompense, parviennent à réunir les deux, avec simplicité. On pourrait d’ailleurs un temps se laisser convaincre par l’absence de ce cynisme qui fait le cinéma des frangins, mais... Oui, comment avez-vous deviné?

QUATRE MARIAGES ET UN DIVORCE

Le film est en effet une pierre ajoutée au long et hilarant labeur qui unit Joel et Ethan, dans ce désir d’écorner les icônes de l’establishment américain. L’air de rien, ce film rempile une nouvelle fois sur leur diatribe contre le système judiciaire du pays, et plus particulièrement les avocats, déjà égratignés dans Arizona Junior (avec la cinglante réplique "Okay then") ou plus récemment The Barber. Ces défenseurs de l’ordre établi offrent aux deux cinéastes une prestance singulière et un vocabulaire étrangement composé, déjà si risibles en soi, et plus généralement une structure d’horlogerie (la salle d’audience du procès) si réjouissante à ébranler, qu’il serait bien stupide de s’en priver. Servis par des dialogues adroits, les comédiens parviennent d’ailleurs le plus efficacement dans ces scènes à se distinguer. Mais en réalité, en dépit de toutes les qualités qui font de ce métrage un très agréable petit film, Intolérable Cruauté n’a qu’un seul et véritable intérêt majeur: George Clooney. Tour à tour Cary Grant séducteur, James Stewart dandy, Jim Carrey cartoonesque, Clooney s’en donne à cœur joie pendant une centaine de minutes non-stop, presque exclusivement consacrée à sa personne. Comme il a bien changé notre docteur Ross (cinq premières saisons d’Urgences), avec sa sempiternelle tête baissée, sa petite moue de la bouche et son regard de chien battu. Et tant mieux. Déjà star à l’époque, l’étoile s’est métamorphosée en soleil éclatant. Liant son fabuleux travail de O’Brother à son impeccable présentation de Ocean’s Eleven, il s’intègre toujours un peu plus dans la prestigieuse mythologie de l’acteur américain, tradition en triste perdition. Donc c’est entendu, donnez à cet homme un Oscar.

par Yannick Vély

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