Il est plus facile pour un chameau…

Il est plus facile pour un chameau…
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Federica, écrivain fortuné, se noie dans ses problèmes existentiels: l’argent, l’amour, la famille, et Dieu. La jeune femme tente de concilier une réalité déplaisante et un imaginaire débordant…

DIEU EST GRAND, JE SUIS TOUTE PETITE

Le dos courbé, la voix cassée, Valeria Bruni Tedeschi trimballe sa personnalité lunaire dans un premier long-métrage en tant que réalisatrice. Le postulat peut paraître dérisoire: le principal problème de Federica (que Bruni interprète) est d’être "trop riche". Ici, le désordre émotionnel vient justement du trop-plein plutôt que du manque: du poids écrasant de l'Evangile affirmant "Il est plus facile pour un chameau de passer le chas d'une aiguille que pour un riche d'entrer dans le royaume des cieux", du poids de l'hérédité, des jugements d'un metteur en scène sur les pièces qu'elle écrit. Dans tous les compartiments de sa vie, Federica est pieds et poings liés à une autorité supérieure faisant d'elle une personne soumise - qu'il s'agisse d'un amant, d'un père ou d'un Dieu. Ainsi se multiplient les passages au confessionnal, au chevet du père mourant, autant d'occasions pour le corps de se plier (au sens propre et figuré) à l'autorité patriarcale.

Pourtant, le désir d'évasion existe réellement. En instaurant des bulles fantaisistes durant lesquelles Federica parvient à échapper à son quotidien, on réalise que du corps prisonnier et soumis (allongé sur le lit, agenouillé pour la confession, la joue offerte à la gifle) il s'extrait un esprit vivace comme témoin du désir d'affranchissement, dernier rempart spirituel face aux choses matérielles - l'argent en tête. La représentation du corps nu du père (et quelque part, de Dieu), tient à la fois de l'élément démystificateur et de l'illustration supplémentaire d'un corps assisté et soumis (ici aux infirmières). En un plan, Bruni illustre toute la contradiction qui habite son personnage. Las, maladresses du premier essai, désir perfectionniste, Il est plus facile pour un chameau souffre de sa longueur excessive pour un film qui aurait gagné à être plus nerveux et concis. L'intérêt et la légèreté se dilue au coeur d'un film joyeusement écrit mais mis en images de manière quelque peu terne. Le jeu de l'autobiographie (ou non) n'est pas d'un intérêt primordial, ici c'est plus un ton doux amer et fantaisiste qui retient l'attention, une qualité d'écriture et une direction d'acteurs qui laissent entrevoir de jolies promesses. Rendez-vous?

par Nicolas Bardot

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