Harry Potter a l'école des sorciers
Harry Potter and the Philosopher's Stone
États-Unis, 2001
De Chris Columbus
Scénario : Steve Kloves
Avec : John Cleese, Rupert Grint, Richard Harris, Daniel Radcliffe, Alan Rickman, Emma Watson
Musique : John Williams
Durée : 2h32
Sortie : 05/12/2001
Le jeune Harry Potter est élevé par son oncle et sa tante depuis la mort de ses parents, survenue alors qu'il était encore un bébé. Ils le détestent cordialement et son avenir ne semble pas des plus heureux, jusqu'au jour de son 11e anniversaire, où il apprend qu'il doit entrer à Poudlard, une école pour les sorciers!
CHAOS. CONFUSION. ADAPTATION.
A l’issue de la projection, le constat est indéniable : Harry Potter à l’école des sorciers est une adaptation très fidèle du roman de J.K. Rowling. Seulement, la bonne nouvelle vient accompagnée d’une mauvaise : cette principale qualité du métrage s’avère être également son principal défaut. La retranscription, faite sous l’égide de l’auteur original, suit trop à la lettre l’ouvrage littéraire. Contrairement à Peter Jackson, auteur à part entière qui plus est libéré de la présence au-dessus de son épaule de J.R.R. Tolkien, Chris Columbus, film-maker sans réelle personnalité, et son scénariste Steve Kloves, veulent trop bien faire et cela se ressent. En mal. Le roman suit une année entière de scolarité à l’école Poudlard et la structure épisodique correspond parfaitement au rythme du récit ainsi qu’au rythme de lecture du public-cible du livre (sensé avoir le même âge que le héros, évoluant avec lui à travers les tomes). Le cinéma est un tout autre style d’exercice et la transition d’un art à l’autre s’opère assez maladroitement. Une exposition assez laborieuse, une arrivée tardive (comme dans le bouquin) de l’intrigue propre du film (à savoir l’enquête en soi), et la mise en avant du trio principal au détriment de personnages secondaires. A l’instar de ceux-ci, beaucoup de séquences ne font que passer. Le film enchaîne les scènes, souvent très brèves, à une vitesse incroyable pour arriver à tout y fourrer en 2h32 (faut pas trop leur en demander aux gamins). Cependant, comme précisé plus haut, c’est également là que le film trouve son salut.
INDUSTRIAL LIGHT & MAGIC
Accumulant les saynètes et les multiples détails du roman, le film présente un univers riche qui devrait fasciner les néophytes tout en satisfaisant les connaisseurs, ce fourre-tout agissant comme un réservoir de clins d’œil aux fans de la première heure. De plus, il va sans dire que cette adaptation bénéficie d’un savoir-faire indéniable. Avec un passif comme le sien (scénariste des Goonies et du Secret de la pyramide), Chris Columbus semblait destiné à réaliser le film. On lui aurait préféré certains autres candidats (Steven Spielberg, un temps intéressé, Terry Gilliam, favori de Rowling, ou encore Robert Zemeckis) mais Columbus parvient à assurer ce standard américain du blockbuster, avec la petite dose d’émotion là où il faut, l’humour bien mis en scène, et le sens de l’aventure. En tête des nombreux techniciens de talents qui épaulent Columbus (le chef opérateur oscarisé d’Anthony Minghella, le monteur nominé de Seven, etc.), John Williams vient insuffler la magie nécessaire avec une partition qui restera dans les annales aux côtés des thèmes de Star Wars, Superman et Indiana Jones. Une pensée également pour le casting, faisant défiler parmi les meilleurs acteurs britanniques (plutôt que des stars) tels que Richard Harris et Alan Rickman. Un bel objet, c’est sûr, un bon début également. Harry Potter à l’école des sorciers est caractéristique des codes d’une franchise quelque peu inédite où les films sortent à peine quelques années après les livres. Il sera intéressant de voir comment la saga évoluera à l’écran…